Vingegaard – Pogacar : Du pain béni pour le Tour

L’étape du Tour, couru avant – hier, est extraordinaire. Le combat à mains nues des deux champions l’est tout autant. À plus d’un titre. Une génération exceptionnelle, un parcours de tour immédiatement sélectif mais surtout deux coureurs à la force exceptionnelle et un duel qui ressemble à un championnat du monde de poker à Las Vegas.
Enhardi par sa réaction à Cauteret, Pogi en a remis une couche au Puy de dôme.

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Pogacar vient d'attaquer Vingegaard dans le final du Puy de Dôime. Il reprendra une dizaine de secondes et la garantie qu'il peut de nouveau gagner le Tour...

Gagner n’est jamais facile

On oublie souvent, à force de voir des champions, que la victoire n’est pas toujours, voire rarement, synonyme de facilité. Cela démontre toute l’importance du mental. Tout le monde n’est pas Merckx, Paolo Bettini ou, plus récemment, Chris Froome. Des hommes qui lorsqu’ils attaquaient, la messe était souvent dite…Mais voilà, quand les forces en présence sont proches, alors, la victoire sera exigeante avec les hommes et ne se donnera qu’au prix d’un effort terrible.Hier, c’était le concours de grimaces chez des garçons pourtant peu enclins à laisser transparaître leurs émotions. Lorsque Pogacar a mis son pétard, on l’a vu presque immédiatement arborer un rictus rare chez lui. Idem pour l’impassible danois, dont on a clairement vu qu’il donnait tout.

Quel spectacle, mais quel spectacle !

Merci Messieurs.

Le S3 de Jonas : plus "cool" qu'il n'en a l'air. ©Jumbo Visma
"Pogi" en Dura Ace, Enve tubeless et....des plateaux carbone ? ©UAE team/Sprint -PF. Fizza

Matériel : Cervélo contre Colnago, Sram contre Shimano et Reserve contre Enve

Si nous pensons généralement que le matériel moderne, tellement proche, ne joue pas dans le résultat final, il se trouve que nos deux champions roulent sur ce qui se fait de mieux sur le marché. D’un côté, l’expérience inégalable de Colnago, les premiers, avec Time, à parier sur le carbone.

De l’autre, Cervélo. LA marque qui a révolutionné le vélo dans les années 2000. Coté groupe, UAE a abandonné Campagnolo au moment où ces derniers lançaient leur groupe Super Record full wireless. Idem pour les roues avec désormais des Enve. Chacun en tirera les conclusions qu’il veut…mais c’est inquiétant. Chez Jumbo-Visma, on fait confiance a Sram.

Notez que Pogacar est beaucoup plus puissant que Vingegaard. Il y a 8 kg d’écart entre les deux. C’est énorme. Cela justifie amplement des machines différentes. Notez aussi que le sur-mesure existe encore (un peu) chez Colnago mais n’a jamais existé chez Cervélo.

Lors de sa sortie, le VRS était le premier monocoque de l’italien. Une « barre à mine » comparée à un C59, un C64 et encore plus par rapport à un Concept (Un merveilleux vélo…). Aujourd’hui, c’est avec un V4Rs que Pogacar roule. Encore pire et seulement sept tailles. On est loin des 14 tailles de C 64. Mais c’est toujours deux de plus qu’en face :

En face, Vingegaard a opté pour le plus rigide des deux vélos à sa disposition, le fabuleux S5 du constructeur canadien. Une surprise pour le chétif danois. Une raison majeure à ce choix : l’inévitable aérodynamisme supérieur du S5. Pourtant, le S5 présente une taille de moins que le R5. Comme quoi, le cyclisme, dont les techniciens et autres ergonomes qui ne juraient que par le sur-mesure, a bien changé…

En tout cas, le Colnago présente un « Reach » (distance axe de douille / axe de pédalier) beaucoup plus long que le Cervélo tout comme le « Stack » (hauteur axe de pédalier / sommet de douille). Et pas qu’un peu ! Mais c’est aussi à cause du poste de pilotage montant du Cervélo…

Coté angles, c’est identique à un rien près…

Le plus puissant avec un vélo plus rigide…

Le Cervélo est donc beaucoup plus compact et, sur le papier, plus rigide. Pourtant, à l’essai, c’est tout le contraire. Une histoire de couches et de type de carbone utilisés mais aussi de boîte de pédalier. Le Cervélo est plus doux que le Colnago. La logique est donc respectée au regard de la puissance et du gabarit des deux champions même si on se doute bien que les uns et les autres n’ont pas bâti leurs cadres en fonction de leurs champions. Ça, c’était l’époque de TIME et du sur-mesure avec Bettini, Virenque, Bodrogi et consorts.

1.76 m et 66 kg pour le slovène contre 1.75 m et 60 kg pour le danois. 6 kg d’écart, à ce niveau, c’est énorme. Surtout pour la même taille. En fait, Pocagar est très près des mensurations d’un Hinault (- 2 kg… dans les cuisses) et Vingegaard d’un Rasmussen…

À se demander ce qui se passerait si les deux coureurs roulaient sur la marque de l’autre. Reste que voir Van Aert et Vingegaard sur le même vélo nous intrigue. Pour le moins…

Vivement les Alpes

La suite du match va être à couteaux tirés. Ce tour risque vraiment de se jouer à rien sauf journée sans de l’un ou de l’autre. C’est donc, au-delà de la force et du talent, la fraîcheur, l’intelligence de course et, plus que tout, le mental qui décidera du vainqueur de ce Tour.

Mais, à force d’aller au bout de ses forces, on ne peut vraiment écarter une défaillance. Cela va être grandiose et terrible…

RJ

 

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