Gino nous a quittés.

Gino Mader est venu allonger la dramatique liste de ces jeunes champions décédés en faisant leur métier adoré. Pour chacun d’entre eux, la nouvelle de leur mort est une déflagration pour leur entourage.
Que la famille et les amis de Gino Mader reçoivent nos pensées émues dans le malheur qui les frappe.

Fait tellement chier…

Gino était donc un jeune et beau coureur. Apparemment, il faisait, en plus, l’unanimité. Des fois qu’on ait trouvé un millième de raison pour ne pas être dévasté.

Je ne prendrai ni de gant ni de respiration pour passer au sujet qui découle de ce drame : aurait-on pu éviter cela ?
Quand on écoute les remarques de Evenpoel ou Romain Bardet, on a comme un goût dégueulasse dans la bouche. Et une envie de vomir.
On sait tous que les coureurs pros sont probablement les derniers gladiateurs des temps modernes. Mais quand même.

À vélo, on meurt plus qu’en formule 1, qu’en boxe ou qu’en alpinisme, des sports pourtant extrêmes. Mais peu de choses changent.
C’est le vélo en lui-même qui veut ça : sa dureté, son terrain de jeu, son essence même. C’est d’ailleurs grâce à cela que ce sport ne prend pas une ride depuis plus d’un siècle et n’a nul besoin du genre documentaire putassier que Netflix a récemment tourné. N’en déplaise à notre ami Steve (Chainel).

Mais tout de même. Difficile de ne pas gueuler haut et fort quand le drame s’abat sur l’un des nôtres. Encore une fois.

Je crois depuis longtemps que la non-protection des coureurs est d’abord due à ce milieu et non à la fatalité. Steve a raison quand il dit que le vélo est un sport arriéré. Mais pas pour les raisons qu’il imagine. Il est pourtant bien placé pour en parler.
Quand tu déboules à 100 km/h en cale-buttes, tee-shirt ajouré et morceau de polystyrène de 200 g sur la tête, la chute est tout simplement interdite. Or, elle fait bel et bien partie de la course. Nous en avons malheureusement la preuve tous les jours.
Qui, dans son métier, sait que chaque jour, sur 150 salariés, au moins un va être marqué sérieusement dans sa chair ? Qui accepterai ça ?

Il faut donc mettre la sécurité en première ligne. Point barre.

Comme personne ne peut mettre un matelas gonflable à chaque pierre, à chaque angle de maison, a chaque virage ou sur chaque mobilier urbain menaçant, il faut agir sur ce que l’on peut.
Les parcours, la protection des cyclistes, la signalétique.  Voilà un vœu pieux. Mais ça met un peu de baume au cœur de l’écrire.

Si on demandait à Fabio Casartelli, Andrei Kivilev, Bjorg Lambrecht, Wouter Weylandt et Gino, ce qu’ils pensent de la sécurité sur les courses, que diraient-ils ?
Hier, Remco Evenepoel était très énervé par la dangerosité de la fin de parcours de la 5ème étape du tour de Suisse. De son côté, Roman Bardet indiquait sans détour, sa peur dans cette descente.
Si des « pros » ont ce type de discours, ce n’est pas un hasard. Je ne pense pas que ce soient des trouillards… Il faut donc impérativement les écouter.
Ce sont eux qui doivent prendre la dernière décision quant à un parcours. Qu’ils aient, au moins, le droit de vie ou de mort sur leur propre personne !

Aujourd’hui, sur le tour de suisse, chez lui, les aigles ont refermé leurs ailes.
Le peloton, d’habitude si vivant, toujours en mouvement, protéiforme, est aujourd’hui écrasé d’une chappe de plomb. Les frêles épaules des coureurs paraissent si lourdes, le coup de pédale si emprunté, qu’on en vient à se demander comment ils ont eu la force de lui rendre cet hommage. Mais quoi faire d’autre ?

Rien n’est normal dans cette disparition.

Ça fout vraiment les boules…

Salut, Gino.

RJ

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