Tous des Surhommes ?

Nous sommes le 27 décembre 2020.
Une année où pour beaucoup d’entre nous, sacrifier les fêtes de Noël et du nouvel an est un crève-cœur.
Il nous est bien difficile d’y renoncer. Pourtant, c’est le quotidien de nos héros…

Votre serviteur à Zonhoven ( Belgique), coupe de monde Cyclo Cross, en Ridley X-Night

Pour d’autres, c’est devenu une habitude. Depuis des années, Nous observons ces champions qui, jour après jour, année après année, font une croix sur ces réunions de familles qui nous ont construits nous et nos proches.
Aujourd’hui, il y avait une coupe du monde de cyclocross en Belgique, dans une petite ville que je connais bien pour avoir habité non loin pendant 2 ans, au nom étonnant de Dendermonde (Termonde en français). Ça m’a toujours fait penser à la fin du monde ! Parallèlement, se tenaient une journée de Top 14 (rugby) et de multiples épreuves de ski aux quatre coins des Alpes européennes …sans compter le reste.
C’est certainement le moment de relativiser un peu.
Oui, ces champions sont à part. Nous les aimons, nous les encourageons et nous les envions, aussi, souvent.
Mais serions-nous prêts à tout sacrifier pour leur ressembler ? Entraînement, rigueur, sacrifices ? Sans oublier le talent nécessaire pour faire partie de la caste de ces élites …
La réponse est évidemment non. Sinon, nous l’aurions déjà fait. … ces derniers jours, je les ai vus lors d’une course ou d’un match, dans le froid ou la boue.
Célèbres et riches –et encore, pas tous – ces hommes sont décidément des exemples, voire des boussoles pour nous autres, simples sportifs. Ils sacrifient tout pour leur rêve, pour leur idéal : gagner !
Dans la boue, le froid et la pluie de Dendermonde, des conditions insupportables pour l’immense majorité d’entre nous, Wout Van Aert courait frénétiquement avec son vélo sur le dos, loin devant Mathieu Van der Poel, qu’il n’avait plus battu depuis 3 ans !!
Au même moment, j’étais douillettement installé chez moi, au chaud et au sec, admirant deux des meilleurs cyclistes du monde qui s’écharpaient dans la gadoue. Eux remettaient encore une fois l’ouvrage sur le métier pendant que je me prélassais…

Quelle exemplarité !
Cela me rappelle le récit d’un ami, chauffeur à l’occasion d’un stage d’hiver à l’US postal. Certes, ce n’était pas Noël. Mais pas loin. Toute la journée, dans l’un des moins en moins rares hivers neigeux sur Nice, Armstrong et son équipe avaient passé la journée (la journée !) à s’enquiller le col de la Madone (de Gorbio), à fond. Au sommet, la voiture avait dû passer pour faire la trace, dans la neige. Le leader de l’US Postal aurait vomi plusieurs fois sans jamais s’arrêter de monter les 900 m de dénivelé du col jusqu’à la nuit tombante…
Quelles que soient les conditions météo, quelle que soit la date, ces champions, par leur engagement, leur opiniâtreté, leur idéal, remettent à chaque fois l’église au milieu du village : Le sacrifice de soi demeure le passage obligé pour obtenir des résultats probants.
Moi qui ai continué à rouler lors du 1er confinement, autant par conviction que par obligation, désobéissant ainsi à la règle publique, je suis mal placé pour donner une quelconque leçon de comportement face à la Covid (même si je continue de penser que seul sur un vélo, le risque est nul), mais dans tous les cas, pour vaincre, sur la ligne d’arrivée ou la maladie, le « sacrifice », l’abnégation et la rigueur restent les armes incontournables pour terrasser l’adversaire.
Dès lors, indépendamment de ce que l’on croit savoir sur cette saloperie de virus, la victoire tient dans notre capacité à changer nos habitudes, à supporter une certaine solitude, à être rigoureux.
A se faire mal, finalement.Tous autant que nous sommes. Moi avec.
Alors nous aussi serons-nous devenus un peu des « surhommes ». Pas obligatoirement sur un vélo comme Wout, Mathieu ou Julian mais en assurant, chacun à notre place. Celle que l’on s’est donné les moyens d’occuper. Eux dans la boue et le froid, pour notre plaisir et nous ébahir, et nous, au chaud, retranchés chez nous, masqués, loin de nos anciens mais pour leur bien et celui de tous.
En attendant que tout rentre dans l’ordre, que les champions réapparaissent immaculés, sous le soleil, dans leur beau maillot seyant, que nous puissions retourner rouler tranquillement, que la maladie soit contrôlée, restons vigilants. Sur nos home-trainers pour hamsters modernes ou sur une boucle de 20 km autour de chez nous, tâchons de viser toujours un petit peu plus haut que ce dont on se croit capable. Cela ne gravera pas dans le marbre notre statut momentané de « surhommes » mais ce sera déjà pas mal.
Et puis nous aurons toujours le temps, après, de nous asseoir dans notre fauteuil, seul ou en famille ou encore autour d’une table, entourés de copains, pour assister, encore une fois, aux exploits de ces champions, fruit de leurs efforts. Car les concernant, quelles que soient les conditions, eux sont condamnés à être des surhommes.

Pour notre plus grand plaisir.

RJ

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