Tour 2023 : Concours de grimpeurs ?

Pas facile d’organiser le tour.
Et encore moins de faire un parcours qui réunisse tout ce que l’on attend d’une telle course. Sport, dénivelé, spectacle, suspense, et chance égale pour chaque coureur.

La victoire du condamné à la Super planche de belles filles: Pogacar s'impose devant Vingegaard.

Christian Prud’homme fait le job. Depuis une bonne décennie. Mais comme ses prédécesseurs, il ne transpire pas l’amour du vélo et encore moins des coureurs. Mais voilà, le Tour n’appartient plus aux coureurs depuis longtemps. Ils en sont les acteurs mais ni la mise en scène, ni les rênes du barnum ne sont entre leurs mains. À ce titre, le cyclisme et le Tour ne diffèrent pas beaucoup des autres sports mais quand tu connais les vestiaires de Wimbledon, les camions des pilotes de F1 ou l’accueil fait aux golfeurs qui ont revêtu, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie, la fameuse veste verte pour les vainqueurs à Saint-Andrews au Master ou encore la débauche de centaines de millions pour des footballeurs aussi bête que doués, il est bien difficile de louer le leadership de Prud’homme et son équipe.

Nous n’avons rien contre lui mais quitte à aller chercher les millions des villes basques espagnoles lors des 3 premières étapes de ce Tour 2023, comment se fait-il que les meilleurs coureurs du monde dans un sport que chacun s’accorde à classer dans les deux ou trois plus durs du monde, ne soit pas traité comme ce qu’ils sont : Des champions au courage extraordinaire

Le rôle du bonhomme, l’objectif unique de Prud’homme devrait être de glorifier les coureurs, les magnifier et donc les chouchouter. Avant tout autre chose.

On en est loin. Même sportivement.

Ce tour compte donc 30 passages en cols, dont quatre arrivées au sommet. Mais un seul contre-la-montre de 22 km, qui plus est escarpé. C’est donc forcément un grimpeur qui va gagner. On a donc déjà au moins 50 % des coureurs de classe mondiale exclus de la course !

Imaginer un Roland-Garros d’avance interdit de victoire a Djoko et Federer face à Nadal et Medvedev.

Au passage, c’est donc encore une « tringle » qui va gagner. Pour ce qui est des Anquetil, Hinault, Indurain, Merckx, ou, plus près de nous, des Lemond, Fignon, Ullrich, Armstrong ou même Cadel Evans ou Nibali, petits mais costauds comme dirait l’autre, on repassera. Donc, pour les non-connaisseurs, les meilleurs cyclistes du monde sont des squelettes sur pattes. On a vu mieux comme porte-étendards d’un sport.

Avec des parcours comme celui de ce tour 2023, l’organisation décide donc de fêter un style unique de coureurs. C’est, disons, réducteur. Quid des Wout Van Aert, Mathieu Van der Poel et autres Evenpoel. Ces champions d’exception sont donc voués a ne jamais gagner le Tour parce qu’ils sont trop lourds ou parce qu’il n’y a pas assez de contre-la-montre ?

La réponse est oui et c’est tout simplement injuste.

Car ce n’est plus le niveau de l’athlète qui désigne le vainqueur mais sa spécialité !

Alors on peut nous rétorquer que Pantani, Froome, Pogacar ou Bernal n’ont pas gagné Paris-Roubaix. Très juste. Mais des classiques, il y en a un paquet gagné par des grimpeurs ou des coureurs polyvalents et pas uniquement par des mecs de 80 kg. De plus, Pogacar, Valverde, Alaphilippe sont tous vainqueurs de monuments sans dépasser les 65 kg !

Bref, un tour limité à 22 km de contre-la-montre, paroxysme de l’effort solitaire, c’est gênant.

On sait donc déjà que des champions d’exception ne gagneront pas cette année. Aucune chance.

Pourquoi ?

Personne ne peut contester qu’à de rares exceptions près, le vélo, sa tragédie, son histoire, son suspense est le fruit d’étapes de montagne. Mais que ce soit Pogacar, Vingegaard, Gaudu ou Van der Poel , Van Aert et Evenpoel qui se « frittent », le spectacle reste au rendez-vous.

C’est donc bien la bagarre qui fait l’émotion, pas la vitesse.

Il manque dès lors au moins 100 voire plus de kilomètres en contre-la-montre à ce tour.

En revanche, on va encore avoir droit à 8 étapes de plaines dévolues à des coureurs dont la particularité est « juste » d’aller vite sur 300 mètres. Super…

Le Tour englué dans son cocon ?
Enfin, et c’est le plus inquiétant, après un 1er championnat du monde de Gravel, raté mais qui a le bon goût d’exister, après un Paris-Roubaix qui demeure une sorte de course de Gravel avant l’heure, un historique Tro Bro Léon, après des Strade Bianché de plus en plus populaires, par quel miracle le Tour n’offre-t-il pas une ou deux étapes de Gravel ?

C’est-là où Christian Prud’homme aurait un vrai rôle à jouer. Sinon, tentez de faire le buzz en partant de Belgique, d’Espagne, d’Allemagne ou d’Angleterre, cela n’a pas de sens sportif, s’entend !  On veut que le Tour reste une course moderne, comme à l’époque où le « tortionnaire » Henri Desgranges décidât de passer par la montagne pour la première fois ? D’ailleurs, à l’époque, vu l’état des routes, la montagne, c’était clairement du Gravel.

Cher Christian, si tu nous lis : Bouge-toi !

Sort des sentiers battus, glorifie les coureurs, fais-les bien dormir dans des hôtels au top niveau, propose une caravane du Tour en voitures électriques (pour faire plaisir aux écolos) et aux teams de rouler en V8 atmosphérique (pour pas tomber en panne) pour que les spectateurs entendent les voitures arriver !

Change ce maillot à pois qui est définitivement une horreur et ferait passer Steve McQueen ou Brad Pitt pour des blaireaux !

Enfin, Christian, ces départs d’étapes, à 12hoo, en plein cagnard, c’est une idée de l’ancien siècle.

Il va bien falloir un jour qu’un directeur du Tour mette un coup de pied dans la fourmilière et se décide à faire ce que font tous les cyclistes, (les normaux, hein, pas les gros en maillot de champion du monde qui ressemblent plus aux starters du Vel d’hiv qu’à des cyclistes) : rouler à la fraîche ou le soir. À la fraîche, difficile avec les transferts mais démarrer les étapes 16 ou 17 heures, l’été, ce serait nickel.

En plus, prime time pour les arrivées télés. Le tour, une fois de plus, assiéra avec logique et respect des coureurs son leadership mondial…

2023 : la bagarre des grimpeurs

Quoi qu’il en soit, les grimpeurs vont se colleter sérieusement. Mais les cartes sont redistribuées…

Vingegaard va avoir, pour la première fois, tout le poids de la course et du statut de favori sur ses frêles épaules. Pogacar va avoir le goût du sang et de la vengeance dans la bouche, Bernal pourrait revenir au top en mort de faim et Bardet, sait-on jamais, pourrait tirer les marrons du feu s’il parvient, enfin, à éviter le jour sans. Quant à Evenpoel, ce n’est évidemment pas du tout le Tour idéal pour une première mais le garçon a tellement de classe que s’il continue à travailler les cols, tout est possible. Et nous ne sommes pas à l’abri de l’éclosion, encore, d’un nouveau talent tant les jeunes sont désormais capables de bousculer une hiérarchie, fut-elle toute fraîche !

Enfin, quasi 7 jours de course entre les deux massifs montagneux français, ça peut permettre de se refaire d’un massif à l’autre.

Mais comme d’habitude, toutes ces suppositions peuvent voler en éclat en un quart de seconde, après le  démarrage de l’un ou l’autre des protagonistes, qui ferait, comme cela arrive souvent, apparaître soudainement une supériorité évidente.

Mais un gros duel à trois, entre Pogi, Vingegaard et Bernal semble être la base de ce Tour.

RJ

Le Tour 2023 en quelques chiffres…

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