Specialized Roubaix Comp
UN «TOUT SUSPENDU»POUR LA ROUTE !!!

Au premier abord, on remarque que le Roubaix Comp n’a pas grand chose à voir avec les deux autres vélos de ce comparatif. Il semble donc assez peu logique de les comparer. Et puis on se dit que, quitte à mettre 3500 euros dans un vélo, cela valait le coup de vérifier le potentiel et les possibilités offertes par une telle machine face à une « concurrence » traditionnelle.

Voilà du nouveau ! Un cadre carbone résolument moderne, avec un triangle arrière court, une fourche ultra imposante, un passage des câbles en interne et, bien sûr, une double suspension avant/arrière (Future Shock). A l’avant, on a une « vraie » suspension avec 20 mm de débattement alors que derrière, le système, astucieux, est de faire un tube de selle à diamètre progressif, c’est à- dire plus grand en haut que 4 cm en-dessous. Là où l’on serre la tige de selle. Du coup, avec sa souplesse naturelle, la tige permet un mouvement d’avant en arrière qui fait office de « suspension ». Notez que le gros avantage est de ne pas casser le cadre, comme cela arrive souvent avec des cyclistes de plus de 80 kg (en-dessous, on attend vos mails !).

Specialized Roubaix Comp Transmission

Ce cadre est construit en carbone FACT 10r, le carbone milieu de gamme de Specialized (le même que le Tarmac Expert). Techniquement, pas plus d’informations, mais un cadre qui doit peser, hors suspension, environ 900
à 1000 g. Il est rigide, mais facile en même temps, l’une des forces de Specialized depuis trois ans. Ajoutez la suspension et vous voilà avec un cadre qui sait, sur le papier, tout faire.

En outre, il a le bon goût d’exister en sept tailles ! C’est beaucoup pour ce genre de vélo, alors bravo. Notez que la géométrie est plutôt classique au regard des angles. En revanche, les bases sont très longues, favorisant ainsi la stabilité, mais « alourdissant » un peu la maniabilité. Enfin, si les tailles extrêmes (61 et 64 cm) paraissent énormes, elles sont en fait plus
courtes qu’il n’y paraît. A titre personnel, avec mon 1,90 m, la taille 58 m’est apparue plutôt courte.

Un équipement au top !

On le dit souvent, mais en voici encore la preuve : à 3500 euros, on peut bénéficier d’un équipement au top. Au top, cela veut dire qui fonctionne à merveille, qui est fiable et plutôt léger. Et beau. C’est la définition du groupe Shimano Ultegra, encore plus en version hydraulique. A la différence près du pédalier, un Praxis Zayante M30 aluminium à axe oversize de 30 mm de diamètre. Avec ses 700 g, il est un peu lourd, mais fait le job ! Un bon choix tant le pédalier demeure la pièce la plus « simple» d’une transmission, et qui peut donc facilement être remplacée. La marque s’exprimant aussi beaucoup dans le monde du VTT, nul doute que Specialized ait trouvé là une bonne affaire.

Specialized Roubaix Comp Haubans

Une attention particulière a été portée aux composants de position. Ici, Specialized est particulièrement fort : l’assise, constituée de cette surprenante tige en Z, joue le confort et la selle Phenom, large, courte et ouverte, ultra confortable, est de haut niveau. Devant, c’est de la même veine : une potence classique, mais un cintre ultra compact à hauteur différenciée qui joue à fond l’ergonomie. On sent, confusément, que tout cela marche bien. A l’Acheteur, on n’a pas souvent dit ça de la marque américaine. Mais quand ça le fait, il faut l’écrire ! Au final, l’équipement du Roubaix Comp nous plaît beaucoup.

Specialized Roubaix Comp Poste de pilotage

Mais quid des roues ? Et bien ce sera surtout le test roulant qui nous le dira. Elles sont en aluminium, annoncent moins de 1600 g, et accueillent 24 rayons coudés devant et derrière. Sur le papier, elles inquiètent un peu. Leur poids paraît particulièrement faible pour « tenir » des Shimano Ultegra disques. Mais wait and see…

Sur la route

Bon, premier constat, j’ai une « aéro » de spinnaker ! Le poste de pilotage est tellement haut que c’en est un peu déroutant. Puis on redécouvre une position presque assise qui rappelle que « l’aéro », ça se paie côté confort… Des pneus de 28, une pression maximum de 6,5 bars, une suspension avant/arrière et 8,85 kg au garrot, inutile de vous dire que moi aussi, pour une fois, je pars vraiment dans l’inconnu.

Specialized Roubaix Comp Boitier

Il convient avant tout de louer l’étonnante faculté de ce vélo à… rouler ! On s’attend un peu à un tank, version sport, mais force est de constater que le Roubaix Comp glisse sur la route avec une agilité et une aisance qui indiquent que, déjà, ce pari là est gagné. C’est bien un vrai vélo de route. Son poids n’est, pour l’instant, pas problématique. Quant à la suspension, ce n’est pas qu’on l’oublie, mais on ne la sent pas du tout ! Elle bosse dans l’ombre, je suppose…

Je passe le village de Saint Didier où, contrairement aux apparences, il se passe toujours quelque chose… à vélo ! Ca traverse sans regarder, il y a des chiens dans tous les sens, et les clients sortent des bars, toujours dans une forme olympique ! Bref, souvent, je dois subitement freiner. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Sans surprise, je peux compter sur le freinage parfait de l’Ultegra Disc. Et sur du mouillé, s’il vous plaît. Nickel !

Specialized Roubaix Comp Freins disque arriere

Mais c’est dans la Roque-sur-Pernes que je vais avoir la réponse à ma question : quel est le niveau de franchissement du Roubaix Comp ? Il est évident que ce vélo ne va pas s’envoler dans les 11% de la Roque, mais comment va-t-il les gérer et de quelle énergie va-t-il avoir besoin ?

Specialized Roubaix Comp Freins disque avant

Specialized s’est visiblement posé la question avant moi, car le braquet est particulièrement adapté, je dirais même incontournable. En effet, avec son 34×32, on pare la lourdeur et le manque d’allant du Comp. D’ailleurs, il est quasi impossible de rouler à une cadence inférieure à 80 voire 84 rpm. Il faut donc mettre petit. Et dans cette configuration, la Roque passe tout à fait correctement. J’hésiterai tout le long entre le 32 et 28 dents. Je me dis que je ne vais pas bien vite, c’est une évidence, mais c’est assez facile. Bien plus que prévu, dans tous les cas. Et c’est ce qu’il faut retenir du passage du Roubaix dans la Roque : dans les forts pourcentages, le Specialized ne vous « ruine » pas. Bien sûr, je sais déjà que le B’Twin est passé bien plus vite, mais ce n’est pas le sujet. En tout cas pour qui veut découvrir du pays, de façon ludique, sans se tuer en côtes, et encore moins en descentes, où le Roubaix va faire merveille. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce vélo se régale. En fait, en descente, même si la position ne se prête pas à « envoyer », le confort, les gros pneus et le freinage à disques apportent un énorme sentiment de sécurité. J’ai pu le vérifier en « live », puisque dans la descente justement, les « tueurs » de la DDE était à pied d’oeuvre : à la sortie de la grande courbe à l’aveugle, je tombe nez à nez avec un… camion à l’arrêt, quasiment au milieu de la route. Pas vu s’il y avait un ouvrier avec une sucette géante indiquant un feu ou un passage vert/rouge, mais je dois freiner très fort et redresser le vélo en même temps (je suis à 50 km/h). Je ne peux pas freiner à bloc, sinon je suis par terre. Du coup, je passe à gauche du camion, là encore à l’aveugle. S’il y a une voiture en face, je ne peux pas la voir…

Specialized Roubaix Comp Potence

Coup de chance, ils sont arrêtés de l’autre côté et là, un ouvrier les tient en respect. Gros ouf ! Je suis persuadé, surtout sur une route encore mouillée, que le Roubaix Comp m’a carrément sauvé la peau : il a réagi avec une stabilité extrême, a freiné parfaitement droit, fort, et progressivement en même temps. Typiquement le genre de situation où, avec un vélo à freinage classique, tu t’en mets une énorme. Merci M. Specialized ! Voilà donc. Cet épisode démontre exactement pourquoi on peut envisager de s’acheter ce genre de vélo, même s’il n’est pas le plus rapide.

Le retour, notamment avec le faux-plat, se fera à une vitesse correcte, mais j’aurai à forcer un peu car, à la bascule du fauxplat, dans cette position particulière, le vent vous rappelle qu’il est votre principal ennemi sur un vélo.

Le raidillon passera pour la forme, tant le Roubaix Comp n’a rien à gagner à s’exciter là dessus. En fait, ce sera le premier endroit, en le secouant un peu, où je sentirai vraiment les suspensions « travailler » !

Specialized Roubaix Comp Cadre

Se poser les bonnes questions… car le Roubaix Comp a les bonnes réponses

Le dernier vélo à « suspension » que j’ai testé était le Pinarello Dogma K8-S, celui avec la suspension au niveau du wishbone arrière. Une erreur de jugement dirons-nous. Et je pèse mes mots. Le Roubaix Comp est, lui, un vélo étudié. S’il n’est pas au top en bosses, il les passe à l’aise. On est là dans une autre approche du vélo, mais il ne fait aucun doute que ce Specialized fait partie des meilleurs vélos à suspension que nous ayons pu tester. Si vous ajoutez le freinage à disques, qui n’arrange franchement personne côté rendement, alors il est arrive aisément en tête de nos essais. Mais attention : il met donc presque 1 minute et 30 secondes de plus que le B’Twin sur le tour-test. C’est énorme. Il faut donc bien oublier la performance et se focaliser sur les horizons qu’ouvre ce vélo : c’est une machine à découvrir, pas un vélo de course. A bon entendeur…

Specialized Roubaix Comp Tableau

Renseignements : www.specialized.com/fr/fr/

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