Prix des vélos : L’envol, tel Icare, du « big Four » !
Gare à l’atterrissage…

On savait que la crise du Covid allait immanquablement se répercuter durement sur le prix de nos vélos en 2022.
C’est le cas en ce début d’année où, comparé à l’avant Covid, les prix des constructeurs marquent une progression allant de 5 % jusqu’à 30 % !
Mais le Covid a aussi bon dos…

La guerre des prix est bien là. Mais orientée à la hausse, exclusivement...

Les prix des vélos s’envolent.

Mais pas seulement depuis le début de l’année. En fait, force est de constater que l’avènement des freins à disque, depuis 3 ans disons, a terriblement impacté les prix de nos vélos. Puis le Covid s’est occupé de la deuxième couche.
Tous les constructeurs ne sont pas logés à la même enseigne et ils ont aussi le défaut de devoir répercuter l’augmentation des composants au-delà du prix de leur cadre mais le montage d’un vélo en chine coûte toujours le même prix en 2022 qu’en 2021. Voire moins…

Specialized : Au global +5 % mais plutôt +11 % en haut de gamme !
Voici un exemple parfait du tour de passe-passe financier, et c’est encore Specialized qui s’y colle. Avec le transfert de Peter Sagan chez Direct Énergies, Specialized, qui a un contrat personnalisé avec Sagan, s’est retrouvé à devoir négocier avec l’équipe française jusqu’alors équipée de vélos Wilier. Inutile de vous dire qu’avec déjà deux équipes, Quickstep – Alpha Vinyl et Bora-Hansgrohe, Specialized avait fait ses courses. Avec le transfert de Sagan, on s’était dit bêtement que Specialized allait quitter Bora, garder Sagan, et équiper, à contrecœur, Direct-Energies, dont ils se foutent royalement depuis toujours. Eh bien non !
Résultat, le constructeur américain se retrouve avec trois équipes.
Direct Energies, c’est Total. Pas tout à fait des lapins de trois semaines. Économiquement, Specialized est un nain neurasthénique à côté d’eux. Donc dans la négociation, on imagine mal Specialized faire les gros bras et demander à Direct-Energies de payer leurs vélos… Le résultat du « deal », le voilà…
Specialized augmente ses vélos de 5 % pour 2022. Et c’est un moindre mal.
Reste qu’un SL7 Tarmac, en Dura Ace et roues Rapid Roval CLX coûtait, en 2020, 12800 €. Aujourd’hui, le même, est à 13 900 €. Ça fait + 11 % et pas 5 %…

TREK, même combat en mieux : +19 % !
Mais ils ne sont pas les seuls. Autre exemple qui brouille les pistes, Trek.
En 2017, chez Trek, un modèle d’entrée de gamme, genre ville amélioré, le FX 2, coûtait… 539 €. Aujourd’hui, le même vélo, rigoureusement, annonce fièrement un tarif de 644 €. Un petit 19 % d’augmentation. Une inflation de 5 % par an. Tranquille.
Pire, un Emonda SL6, à freinage patins, a fini sa carrière à 2 250 € pour 8 kg et groupe Shimano Ultegra.
Le nouveau modèle de l’année dernière (en Ultegra), est arrivé en magasin à 2 500 €… Aujourd’hui, donc 12 mois plus tard, il coûte… 3 000 € ! Avec, en prime, une transmission en Shimano 105 et des roues Bontrager Paradigm d’entrée de gamme.
Le poids ? 9,2 kg. No comment…
Et nous n’avons pas les infos sur toutes les autres marques mais voilà quelques exemples qui laissent plus que songeurs.

BMC : + 13,5 %
Chez BMC, en 2020, un Teammachine SLR Two en Ultegra coûtait 2 999 € pour 7,73 kg. En 2022, il est habilement remplacé par le Team Machine SLR Six, en Shimano 105 et facturé à 3 199 €. Et il est plus lourd ! Si on prend en compte la différence de prix entre le 105 et l’Ultegra plus l’augmentation faciale, on arrive à 13,5 % d’augmentation !

SCOTT : champion du monde de l’augmentation, + 36 % !
Un autre ? Pas de problème. Chez Scott, on ne se mouche pas du pied non plus puisque le Speedster 20, un petit aluminium à groupe Shimano Sora, de 2022 se vend à 1 499 € alors qu’en 2022, le même vélo, exactement, se négociait pour… 1 099€, soit une augmentation de 36 % ! En souplesse les Suisses…

Orbea : Correct…
Allez, un petit dernier pour la route. Moins violent et plus explicable, il n’en demeure pas moins que chez Orbea, en haut de gamme, l’ORCA 10 LTD équipé en Dura Ace DI2 a augmenté de 11 %, une valeur déjà non négligeable. En euros, ça fait tout simplement 1 000 € d’écart ! Certes, les roues ne sont plus les mêmes mais entre les Vision SC Disc carbon Tubeless et les Mavic Ksyrium Pro carbon UST à pneus, on y a gagné au change (100 g et un meilleur comportement) mais certainement pas de quoi expliquer +1 000 €.
Comme les industriels ne prévoient pas de retour à la normale avant 2023, on se demande où cela va s’arrêter. Et puis avec l’augmentation du prix du transport, parfois même par avion, les constructeurs favorisent les pièces à forte marge. Du coup, on trouve plus facilement des vélos à 12 000 € que ceux à 2 500€/3 000 €.
Ça ne va pas aider à changer de vélo pour la plupart d’entre nous.

Pour vendre des vélos, il faut aussi que les entreprises s'y mettent pour accueillir leurs cyclistes de salariés ! Ici, Sram USA, à Chicago.

Des prix à contrecourant…
Alors que le vélo est depuis deux ans mis à toutes les (bonnes) sauces en tant que moyen de transport, outil de maintien en forme, contrepouvoir des voitures et « vert » par… essence, ses prix s’envolent.
Les aides sont malheureusement réservées aux modèles à assistance électrique comme quoi c’est surtout l’alternative à la voiture que les pouvoirs publics aident et non le vélo en lui-même, nous l’avons déjà écrit.
L’année 2022 s’annonce donc probablement pire que 2021 pour les magasins de vélos. L’hiver ne va rien arranger. Et puis, surtout, on n’a jamais vu des prix redescendre.
Alors si fin 2022, les choses rentrent dans l’ordre, les vélos seront probablement devenus encore plus chers. On avait déjà atteint des montants très importants pour un outil qui jusqu’à présent représentait l’archétype du moyen de locomotion économique.

Le vélo est définitivement devenu un « sport » mais aussi un moyen de locomotion de « riches », en tout cas, ce n’est plus un sport de « pauvres » d’autant qu’en terme de pratique, si des efforts en tant que moyen de transport ont été faits, au quotidien c’est toujours aussi compliqué. À commencer par les problèmes liés au vol mais aussi l‘absence d’infrastructures dans les sociétés pour accueillir leurs salariés cyclistes.
À ce sujet, le décalage est béant avec les pays scandinaves, la grande Bretagne et les USA, qui ont compris depuis longtemps qu’il faut anticiper pour qu’un collaborateur vienne travailler à vélo et nous, attendre qu’il vienne, pour proposer des infrastructures ad hoc.
Y a comme un truc qui ne va pas au pays du Tour de France…
Les constructeurs jouent un peu aux apprentis sorciers. Entre pénurie et folie haussière, les ventes risquent bien de se tasser. Quant à nous, clients, il va nous falloir naviguer au gré d’éventuelles promotions, être sur le qui-vive pour dégoter le bon plan…
Le monde l’envers.

RJ

PS : Tous nos prix ont été relevés chez Culture Vélo, sur Materiel-Vélo.com et sur www.weoncycling.com

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