Look 765 : L’étalon…

A vrai dire, nous voulions vous présenter ce mois-ci la version à disques. Mais ce sera pour plus tard car c’était hors budget pour ce dossier. Nous avons donc sélectionné le 765, l’une des références en terme de machine polyvalente offrant confort, facilité et rendement. Et prix, bien sûr !

 

Une ligne toute simple, presque désuète pour ce Look. Elle cache en réalité un cadre extrêmement travaillé...
Une ligne toute simple, presque désuète pour ce Look. Elle cache en réalité un cadre extrêmement travaillé…

LOOK 765

Fidèle à lui-même, le 765 est typiquement un Look. A commencer par le cadre. Très travaillé, très étudié, ce cadre ajoute au carbone de la fibre de lin. Objectif, apporter à l’ensemble un confort extrême grâce aux capacités naturelles du lin à mieux absorber que le carbone les irrégularités de la route. On constate aussi que le travail sur les différents tubes de ce cadre est impressionnant : poutre transversale résolument « carrée », tube supérieur légèrement bombé et plat, douille de direction très haute et, surtout, un triangle arrière unique, conçu autour de haubans à forte section carrée et de bases larges, régulières et profilées. Un peu comme si Look avait sélectionné ses tubes un par un ! Notez aussi la largeur des pattes arrière. Enfin, compte tenu des fibres utilisées, qui d’une façon ou d’une autre, perdent un peu de rendement au profit du confort, Look a opté pour un boîtier de type BB30 avec réducteur de diamètre pour accueillir l’axe de 24 mm du pédalier Shimano Ultegra.

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Une association peut-être un peu risquée – à notre avis – car vouloir rigidifier un cadre naturellement doux avec une telle boîte, on a déjà vu que cela pouvait avoir de curieux résultats sur d’autres machines. En clair, on risque d’affaisser définitivement le vélo en « bosses » !
Gageons que le savoir-faire de Look leur aura permis de maîtriser ce genre d’impondérables.
look-765-haubansEsthétiquement, avouons que le Look semble un peu sorti de la naphtaline ! Le design Mondrian (modèle Proteam), malgré la belle connotation artistique et historique, commence à dater. Mais Look le sait et propose donc deux autres coloris, avec le noir et rouge (Black White Red) et surtout le tout nouveau blanc (White Fluo Red Blue), nettement plus moderne. Bien vu. Soit dit en passant, tous les câbles sont intégrés…

Dans notre taille de test, du XL, la douille de direction mesure pas moins de 232,7 mm. Gigantesque ! Un gage de confort dans la position.
Dans notre taille de test, du XL, la douille de direction mesure pas moins de 232,7 mm. Gigantesque ! Un gage de confort dans la position.

Avec la fibre de lin, l’autre élément qui caractérise vraiment le 765, c’est évidemment sa géométrie. Avec cinq tailles, Look ne la joue pas très large ! Une position, outre une géométrie, c’est aussi une offre de tailles suffisante. Pour nous, sur le papier, il en manque une, voire deux ! En fait, c’est surtout entre les tailles S et M que ça coince : 27 mm d’écart en longueur, c’est un abîme ! Faites donc très attention entre ces deux cotes. En revanche, et très finement, Look a fait attention à ne pas faire trop de différence au niveau de la longueur de la douille : l’écart est plus que « normal » avec 18 mm ! On note la douille énorme de notre XL. Les cadres sont logiquement assez courts. Enfin, l’angle des tubes de selle oscille entre 74 et 73° : pour nous, c’est la cote quasi idéale pour augmenter la capacité d’une machine à facilement avancer. Là, c’est l’expérience qui parle. Devant, c’est moins… festif !

Le travail appliqué aux pattes est magnifique.
Le travail appliqué aux pattes est magnifique.

UN ÉQUIPEMENT UN PEU À L’ENVERS

Look n’a pas encore pris le chemin de Ridley : peut-être une histoire de clientèle. Toujours est-il que ce vélo aurait forcément été plus efficace avec un groupe 105 et des Ksyrium Équipe, voire des Elite ! Économiquement, cela ne paraissait pas impossible.
En tout cas, on a droit au groupe Shimano Ultegra, version compacte, en 50×34. Transmission, étriers, et dérailleurs, rien ne manque. LE groupe par excellence. Mais on le paie côté roues avec les Mavic Aksium. Que l’on connait par coeur : rigides, mais un peu trop apathiques. Et lourdes, quand même ! Elles risquent de plomber un peu le Look dans les côtes sévères…
Le reste des composants n’appelle guère de commentaires : c’est du basique et en aluminium. Mais impossible de passer sous silence l’excellente ergonomie du cintre. Très compact, il est cependant très long en bas : c’est le secret d’une position tolérante et efficace mains en bas ! En clair, même sans forcer, vous pouvez enfin prendre votre guidon en bas !!!
Quant à la selle Q-bik ( !), n’en attendez pas grand-chose… mais sait-on jamais. A ce niveau, on sait que tout est possible.

Une assise pour le moins étrange. La Selle Italia Q-Bik ne nous était jamais parvenue en test jusqu'à présent...
Une assise pour le moins étrange. La Selle Italia Q-Bik ne nous était jamais parvenue en test jusqu’à présent…

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SUR LA ROUTE

Ce vélo, nous l’avons déjà testé. Mais non seulement il est toujours là, mais en plus il fait office de valeur étalon sachant que Look a sorti une version supérieure, le 765 dit « HM », qui est bien sûr plus cher ; donc nous avons opté pour la version classique.
D’entrée de jeu, il convient d’expliquer ceci : ce vélo est le plus tolérant des trois modèles de ce comparatif. Sans conteste. Comprenez que quelle que soit l’allure, tranquille ou en prise, il accepte à peu près tous les traitements : petit braquet, gros braquet, confort, aisance en descente et même sprint ! Idéal ? Bah, pas tout à fait. Le 765 ne peut pas vraiment accélérer !
Vous pouvez mettre du braquet, mais il n’ira pas plus vite ! Son ADN, c’est la douceur absolue. Le temps d’arriver au pied de la côte de la Roque-sur-Pernes, je n’ai rien senti. Sur le plateau de 50 dents, dans le petit faux-plat qui mène au village, je moulinais presque ! Ca, c’est le travail du cadre. Mais pas seulement. Car ce vélo a un « petit secret » : il a une cassette de 32 dents ! Et, indépendamment des qualités du cadre, un braquet de 34×32, surtout quand on commence à être en forme, ça facilite grandement la tâche ! Résultat, j’ai passé la côte de la Roque-sur- Pernes tout à fait correctement, même si j’ai bien senti que je n’allais pas chatouiller la performance réalisée avec le Ridley. Le Look est plus « gras », moins alerte, indéniablement. Ceci dit, je grimpe facilement, sans forcer, et sans avoir mal aux cuisses. Sur le 28, car je n’aurai pas utilisé le 32 dents… Sauf avec le grand plateau, dans la seconde partie de la côte. Dans la partie la plus difficile (13%), j’ai même descendu une dent pour voir. Et j’ai vu : le Look continue son bonhomme de chemin, et même si les cuisses chauffent un peu plus avec le 26, le cadre « avale » étonnamment bien le braquet. Mais sans jamais aller plus vite ! Ou si peu… Dans la seconde partie de la côte, je suis sur le 50, entre 28 ou 32 dents, et ça passe encore sans encombre. Une riche idée et une sécurité que ce 32 !

look-765-tige-de-selleA l’entame de la descente, je suis frais comme un gardon et je me lâche un peu. Comme tous les Look, le 765 est très à l’aise en descente, et ce malgré la très grande douille de mon XL. Les pneus de 25 font leur oeuvre et, côté précision/confort, c’est Byzance. Vraiment, je m’amuse bien !
Mais voilà le long faux-plat, le juge de paix du tour-test : je reçois la confirmation de ce que je pensais. Si le 765 manque d’efficacité pure en côtes difficiles, il est nettement plus à l’aise dans les faux-plats. Comme par hasard, c’est aussi là qu’on peut le brutaliser un peu pour accélérer le rythme. Mais est-ce bien nécessaire, ce n’est pas sûr du tout, car le 765 ne vise pas ce genre de cyclistes, c’est une évidence…
J’arrive enfin au raidillon. Malgré les infos emmagasinées, je me lance à l’assaut avec tonicité. Pour valider mes impressions une dernière fois. Je passerai en 50×22. Sans violence, car le cadre bouge juste ce qu’il faut, mais on sent aussi qu’il se garde quelques watts pour lui, le coquin ! Curieusement, le capteur de puissance m’indiquera que c’est avec le Look que j’aurai développé le plus de watts (1142 W) ! En conclusion, si le Look donne parfois une impression de lourdeur, il sait aussi économiser son homme…

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LE CONFORT AVANT TOUT

Quand le chrono parle, on l’écoute ! Le Look termine troisième de ce comparatif en termes de vitesse. Sur 13,2 km, donc. Sauf que lui, son « truc », ce sont indéniablement les longues distances. Son confort et sa douceur en sont la preuve. Reste qu’avec ses 8,22 kg et ses roues Mavic Aksium (160 € la paire), il ne peut donner que ce qu’il a. Son confort est-il une raison suffisante pour le préférer aux deux autres ? Nous en doutons, car le Merckx fait jeu égal et le Ridley n’est pas loin.
Ce sera donc une question de géométrie pure : court et assez haut à l’avant, il offre une position ultra confortable. Si la position est un problème pour vous, le Look saura assurément répondre au mieux à vos attentes…

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LA NOTE DE L’ACHETEUR CYCLISTE

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LA SYNTHÈSE DE L’ACHETEUR CYCLISTE
(cliquez sur les liens ci-dessous pour consulter les tests des autres vélos concernés par cette synthèse)

EDDY MERCKX LIEGE 75
RIDLEY NOAH ULTEGRA MIX

LE RIDLEY, NATURELLEMENT…

AUSSI ÉTONNANT QUE CELA PUISSE PARAÎTRE, EN DÉPIT DES ÉNORMES DISPARITÉS QUI EXISTENT ENTRE CES TROIS VÉLOS, SUR LE PAPIER, ILS SE TIENNENT DE TRÈS PRÈS ! LA RAISON VIENT DU FAIT QUE CHACUN A DE BELLES QUALITÉS, MAIS AUSSI QUELQUES « DÉFAUTS », MÊME S’ILS SONT DANS DES SECTEURS DIFFÉRENTS. MALGRÉ CELA, ON CONSTATE QUE LE RIDLEY NOAH ULTEGRA, LE PLUS RAPIDE SUR ROUTE, L’EMPORTE TOUT DE MÊME GRÂCE À UNE IMPRESSIONNANTE FACILITÉ JAMAIS VUE SUR UNE MACHINE DE MOINS DE 3000 EUROS ! BRAVO MESSIEURS.

En seconde position, le Look 765. Le Français s’appuie sur une bonne régularité dans chaque secteur. Mais ces Mavic Aksium sont trop « courtes » pour le faire passer devant le Ridley. Il peut pourtant se targuer de proposer un poids assez compétitif dans ce comparatif. En, gros, le Look ne souffre que de ses roues. Tout le reste est bon. Sauf que les roues, c’est capital…
Enfin, le Merckx Liège75. Ce classement reste une surprise pour nous. Ce vélo, on l’aurait presque vu devant. Mais l’acier paie un lourd tribut à sa masse. Avec 600 g de plus que le second, le Look, et 800 g de plus que le vainqueur, il lui était impossible de revenir dans la course. Mais au moins, le message est clair : un acier, sur le papier, c’est lourd mais, à l’usage, c’est tellement tolérant que cela en devient efficace.
Quant à mon choix personnel, j’aurais signé des deux mains, avant le tour-test, pour le Merckx. Je connaissais le Look et savais que son côté très (trop ?) doux allait me poser problème. Mais voilà, devant l’efficacité du Ridley, je me retrouve face à un véritable dilemme : lequel des deux Belges choisir ? En fait, j’aurais voulu prendre le Merckx et lui coller les roues du Noah. Mais ce n’est pas le jeu, il me faut me prononcer pour l’un d’entre eux…
Alors, je garde un penchant vers l’exceptionnelle efficacité du Ridley. Et puis j’ai adoré sa position !

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