Au regard des caractéristiques techniques du nouveau super record wireless de Campagnolo, force est de constater que le légendaire fabricant italien n’apporte pas grand-chose si ce n’est rien de nouveau. Si l’on observe, avec un peu de recul les groupes actuels et leurs points positifs, Shimano et Sram ont déjà tout inventé.

Ergonomie : Peut mieux faire
Sram présente le système le plus ergonomique et le plus naturel en matière de changement de vitesse avec ses deux manettes différenciées pour monter ou descendre les vitesses et plateaux. Pas Shimano et donc pas Campagnolo

Autonomie : Oups…
750 km ! Disons-le, c’est mauvais. Chez les deux autres, on oscille entre 1000 et 1500. Pour le coup, voilà qui met encore un peu plus la pression sur la trouille que l’on a toujours un peu peur de tomber en rade. Voilà donc un groupe qui s’adresse aux méticuleux, aux organisés, à ceux qui planifient naturellement. Pas moi, donc…

Nous avons un vrai regret : Campagnolo a mis du temps avant de sortir ce groupe. S’ils avaient pu (dû ?) sortir un système permettant de récupérer l’énergie du cycliste afin de recharger les batteries du nouveau Super record, cela aurait été grandiose et aurait remis Campagnolo à sa place, sur le toit du monde. Nous restons persuadés que le freinage est une des solutions. La pression sur les pédales et/ou la selle aussi. Celui qui sortira ce système aura gagné.

Full Wireless : Bravo !
Là, Campagnolo se hisse au top niveau, avec Sram. Ils distancent Shimano. Rien de nouveau cependant mais en première ligne. Simplicité, esthétisme, le wireless est incontournable.
On ne parle pas du coût de révision en magasin : entre câble et pas câble, c’est un monde d’écart…
Désormais, Shimano devient « old school » et fait figure de parent pauvre technologique. Étonnant

Poids : faux problème mais révélateur
Curieusement, Campagnolo n’en parle pas. Pas grave mais révélateur de la difficulté technologique et technique à produire un groupe wireless léger. Cela indique aussi que SRAM est vraiment passé maître en la matière.
Reste que sur le fond, cela n’a guère d’importance, on le sait.

Prix : Sortez les dollars !
Ah, voilà un secteur ou Campagnolo se démarque. 5200 euros, c’est un peu n’importe quoi. Mais il faut rapporter le prix non plus au coût de fabrication mais bien au positionnement marketing et sociétal que Campagnolo veut pour son groupe. Celui qui roulera en Super Record wireless sera plus riche que celui qui roule en Dura Ace Di2 ou en Sram E-tap.

On est là dans la logique d’Apple, qui a fondé une grosse partie de sa réussite des 15 dernières années sur des prix fous et une création du besoin. Mais tout le monde ne fait pas du vélo. De fait, ce sera encore plus élitiste. Cela étant, voir passer une belle Porsche ou un Aston Martin, même sans pouvoir se l’offrir, cela reste un régal pour les yeux, alors….
La jalousie le défaut des envieux.

L’excellente surprise : Un blocage rapide « Thru Axel » !
Bonne pioche
Et si le meilleur de ce groupe était aussi le choix technique le plus discret ? Sur les photos, on distingue des axes de roues de type blocage rapide améliorés adapté aux fourches modernes. Nous trouvons, encore à ce jour, qu’un blocage rapide est préférable, en termes de maniement, a un Axe thru Axel. Mais techniquement, la rigidité et la précision du Thru Axel sont indiscutables.
Il semble bien que Campagnolo ait décidé de joindre les deux avantages.
Un grand bravo d’autant que trouver un axe thru axel en pièces détachées si vous avez abîmé le vôtre, pas simple. On ne parle pas du « bonheur » de foirer le pas de vis de votre fourche. Une erreur à 600 ou 1000 €…

SuperRecord Wireless : Dans l’air du temps…
En fait, Campagnolo vient de céder, et on peut le comprendre, aux sirènes de l’hyper luxe. Aujourd’hui, les cyclistes se divisent toujours en quatre catégories mais le volume de chacune évolue énormément.
Tout d’abord, les « pauvres ». Ils roulent avec ce que leurs petits moyens leur permettent. Passionnés, ils lorgnent avec envie sur les vélos de leurs potes et économisent parfois des années pour s’offrir une paire de roues.
Respect. Leur catégorie grossie à vue d’œil…
Ensuite Les « normaux ». Eux peuvent déjà se payer un joli vélo, hyperefficace et fiable. Jusqu’à 3000 euros environs. Et puis, tous les deux ans, ils s’offrent soit de nouvelles roues, soit de jolis composants (selle, guidon carbon, etc…). Ces derniers temps, ils sont un peu dans le dur…
On arrive aux « riches «, ceux qui adorent le matériel et peuvent faire des folies : Un vélo jusqu’à 8000 euros est dans leurs cordes. Shimano, Campagnolo ou Sram, peu leur importe. Le reste suit. Rapha, Castelli, Giro, Pedaled, Poc, etc…
Eux sont en voie d’extinction : Soit ils ont atteint la dernière catégorie, soit ils ont régressé d’un cran pour cause de plan social, dépôt de bilan, resserrement des effectifs ou fusion acquisition de leur boîte…

Enfin, la dernière catégorie, celle qui nous intéresse aujourd’hui et qui intéresse Campagnolo avec leur Super Record Wireless : Les « blindés ». Nouveaux riches, entrepreneurs à succès, Start-upper mais néanmoins sportifs qui crament un petit bout de leur levée de fonds et enfin, les « vrais et vieux riches », de génération en génération, les gosses de riches. Précision : Aucun jugement négatif à leur encontre, bien entendu. Juste un regard.
Et là, le volume de cette catégorie s’envole. Ceux-là détiennent le power : Acheter ce qui est inachetable. Se distinguer par le pouvoir d’achat. Comme par exemple se payer un groupe à 5200 €. Dès sa sortie.
Alors, difficile d’en vouloir à Campagnolo même si son groupe n’apporte rien de vraiment nouveau.
Cela fera toujours rêver et continuer à penser que rouler en « campa », c’est plus « classe ».
So long, Campagnolo, ne changez rien. Car faire rêver, c’est probablement votre plus grande force.

RJ