La Chronique à 5 cents...

Black Friday, Bloody Sunday !

Que les Irlandais me pardonnent cette comparaison sans aucune mesure avec leur drame national mais la consonance et la langue anglaise « matchaient » trop pour ne pas s’y référer.

La consommation, à l’AC on connaît. On ne vous parle que de ça depuis presque 20 ans. Avec toutefois un leitmotiv : Celui de vous aider à faire la part des choses, l’achat intelligent, celui adapté à vos besoins… Et à vos envies. En toute connaissance de cause.

Si l’expression en elle-même a de multiples explications, dont aucune ne prend vraiment le pas sur l’autre, la frénésie de consommation du vendredi noir est clairement la définition du Black Friday,
Le Black Friday, c’est donc le fin du fin du fin de la consommation pour la consommation.
La fine fleur des opérations commerciales a la mode depuis quelques années
Même plus besoin de parler du produit. Le concept c’est : « Moins cher ».
Moins que quoi, que quand, que pourquoi ? Ce n’est pas le sujet.
Le sujet, pourtant, c’est qu’un mauvais produit, même moins cher, ça reste un mauvais produit.
L’objectif ? Écouler des stocks d’invendus, mettre en avant des produits que personne ne veut à un prix de base mais qui devient « attractif » une fois le prix cassé.
Quand le non utile devient vendable. Joli projet…
En filigrane, on retrouve surtout le dévoiement d’une idée qui aurait pu être crédible, un jour. Ça s’appelle les soldes et ça finit par une histoire de chinoiseries pour appâter le chaland numérique version 2.0.
En gros, des produits de mauvaise qualité pour des acheteurs qui n’en ont pas besoin…
C’est marrant, le Black Friday, ça ne marche pas pour les cigarettes, L’alcool ni le crédit.
Pour les assurances non plus. Dommage, une assurance pour votre voiture à -70 %, ça ferait du bien à tout le monde, ça.
Et la presse, (la vraie) à 50 % ? Ça n’existe pas. La consultation chez le médecin à 11,50 € au lieu de 23 € ? Ça n’existe pas non plus. Un rabais sur les frais de notaire ? Encore Niet. Notre maire nous ferait une fleur sur les amendes de stationnement ?
Ne rêvez pas. Pas compris dans le système.Ça, ça rapporte et pas question de baisser les marges.
Petite anecdote, entre nous : Hier, nous mettons sur notre page Facebook le dernier test/ essaie du meilleur Gravel actuel, selon nous, avec un montage particulier en Campagnolo EKAR et cadre Diverge fact 11 r. Gros boulot.
Un message m’interpelle, il dit : « ….Je rêve, l’article est payant… ! » Signé Pierre.
Bah oui Pierre. Vous croyez quoi ?
Les informations sur le Net, c’est gratuit quand c’est naze, putassier, faussement spectaculaire. Dans ce modèle, vous, vous étiez le produit que les sites revendent pour attirer la pub. Ça, c’était avant.
Le marché de la publicité digital, c’est 2,8 milliards d’euros en France ( source UDECAM publié par le SRI Syndicats des régies internet 2018). Les gafam plus quelques acteurs comme Spotify ou Deezer récoltent environ 70 % du gâteau. Les éditeurs de presse historiques ont perdu la partie.
Résultat, ces éditeurs, déjà sous perfusion aux aides étatiques qui jouaient à ce petit jeu ne peuvent plus le faire. Ils essaient donc de vendre ce qui est devenu invendable, un contenu commun, sans analyse ni conclusion. Encore moins déontologiques…
Nous, nous n’avons jamais développé une politique commerciale de ce type. Donc, oui, notre travail est payant.
Scandaleux ?
Et le vôtre, Pierre ? Votre patron vous paye chaque mois ? Non ? Si ?
Bah comment cela se fait-il ? Je rêve…

Black Friday : Pour notre pouvoir d’achat…

Vu l’empathie pour nous que démontrent les importateurs de produits qui alimentent cette merveilleuse fête de la consommation, nous ne sommes pas loin de retrouver bientôt du cannabis ou la cocaïne à prix cassés !
Why not ? Il paraît qu’on va légaliser ces trucs. On va pouvoir se détendre un peu. Chic !
En fait, cette lamentable opération commerciale fait montre cette année d’une autre qualité qui en dit long sur sa valeur : elle apparaît pendant une période de pandémie qui tue nos anciens et parfois nos jeunes.
« Senza vergogna » comme disent les Italiens. Même pas honte…
Faut-il à ce point être inique, faire fi de tout respect de l’autre pour continuer de nous réduire à un porte-monnaie, même dans une telle période ?
Ok… J’entends déjà les commentaires des « faux positifs » :
« La maladie ne doit pas nous abattre. Résistons, continuons à vivre ! Hardi les euros ».
Là n’est pas la question. Tout le monde se bat avec ses moyens. Mais bizarrement, j’ai encore l’impression que ce sont tous ces gens qui bien sûr n’ont de cesse de se battre pour augmenter notre pouvoir d’achat (noble tâche s’il en est… ) qui vont encore ramasser le pactole. Suivez mon regard.
Merci M. Leclerc. Que ferais-je sans vous ?
Ce Black Friday, je ne l’ai toujours pas croisé au Marché, chez mon libraire, mon caviste ou la petite épicerie fine au coin de ma rue. Celle où je trouve des terrines de gibier à damner un saint. Faut dire qu’ils sont fermés, ça n’aide pas.

Bizarre. Ils en veulent à mon pouvoir d’achat, ceux-là ? No comment.

Black Friday : le nom de cette extraordinaire Opération se prononce et s’écrit donc en anglais.

Of course !
Ça vient en direct d’outre atlantique, Monsieur. Parce qu’ici, dans la vieille Europe, on n’est pas encore au jus. Un peu demeurés, quoi…et puis Vendredi Noir, ca fout un peu les jetons, non ?
Pourtant, une sacrée affaire à saisir.
Eh monsieur !  J’ai une confidence. Vous êtes dans les premiers à être au courant. Grace aux notifications de votre navigateur. Vous avez eu du flair car Il n’y en aura pas pour tout le monde. Deal ?

Pas d’angélisme. Juste un regard avec un tant soit peu de recul

Nous concernant, un vélo de 3, 4, 5, 6 7 000 ou 8 000 euros, ça reste un peu délirant pour 95 % de la population. Surtout les non pratiquants. Mais dans ce contrat d’achat, il y a au moins une réflexion, la promesse de pratique d’un sport, de se faire du bien, de s’offrir parfois un outil de travail mais toujours de détente. Bizarrement, là encore, pas vu le Colnago V3Rs de Pogacar ou Bianchi XR4 de Van Aert à 50 %….

En revanche, j’ai vu des Chaussures Ekoi à – 50 %. Et pas en taille 37 ou en 47.
Alors, un peu de respect et de décence ne nuit pas.
Moi, j’aime bien consommer. Mais je n’ai pas pour autant débranché mon cerveau ni mon libre arbitre.
En ce moment, version pignon sur rue, il existe des gens qui bossent dur, qui ont un travail, qui « s’arrachent » pour faire vivre leur famille. Beaucoup souffrent. Notamment les indépendants, les commerçants ou les petits patrons qui peuvent perdre une vie de boulot en 3 mois. Avec zéro à la clef. Ceux- là sont devenus une variable d’ajustement dans les calculs.
Ils vivent actuellement avec le stress, la peur au ventre, la trouille d’ouvrir le courrier du jour, l’empilement des factures de la banque et des mensualités d’assurances. Ça tombe comme à Gravelotte.
Pendant ce temps-là, les huissiers, ces chers « collabos » des temps modernes continuent à frapper.
Pas de Black Friday chez eux n’ont, au passage.
Mais No panic, le Black Friday est là.
« No futur », comme disaient les punks.  Au moins, en 1977, avec l’avènement de la merveilleuse Margaret Thatcher, ce mouvement des « gilets noirs » avait  engendré les Clash, groupe mythique aux textes socialo communiste et à l’énergie débridée.
Jusqu’à vendredi  29 Novembre, on va se faire fait inonder de mails promo. De remise de l’espace et d’achat en un seul clic. Même plus besoin de réfléchir. Si tu as le malheur d’éternuer devant ton clavier, tu es bon pour 3 smartphones d’un coup.
T’inquiète, tu peux contracter un crédit sans rien payer mais ça va te coûter une blinde dans 3 mois. T’as juste à cliquer, Cofidis ou Cetelem veillent au grain.
Consomme ou crève. Demain est un autre jour. En cas de pépins, nos copains les huissiers seront encore te toujours là pour te rappeler les règles du jeu.
Mais j’y pense : les toubibs, les infirmières, les personnels des hôpitaux qui se démontent la santé pour la nôtre, c’est aussi Black Friday pour eux ? Non ?

Eux, c’est bloody Sunday. Le jour d’après…sanglant.
J’espère qu’ils vont quand même trouver le temps de s’acheter eux aussi deux ou trois trucs à prix cassés avec leurs primes de morts !
Parait qu’il va y avoir des promos sur les masques de canards et les déguisements de Trump. Parce que concernant les vaccins, il n’y a pas de remise ai-je cru comprendre
Y vont se marrer aux urgences…
Quand tu tapes Black Friday sur Google (le type qui dit aux inventeurs du concept ce que tu fais tous les jours), le premier truc que tu vois c’est un gros logo avec écrit « – 80 » !
– 80 morts ?
– Mais noooon, crétin, 80 pour cent ! Sacrée affaire, quand même !
– Sur quoi ?
-T’es con ou quoi, on s’en fout. C’est moins 80 % on te dit.
-Ah ok, pardon, ça m’a échappé. Un vieux réflexe de père  de famille
– Ça va. Mais pendant un moment tu m’as fait peur…
– Bon, du coup tu as raison, je me vois bien en profiter pour m’offrir un home-trainer. Vu comme c’est parti, ça sent l’hibernation pour cet hiver. Si je veux pédaler un peu, ce sera toujours ça de pris. Pas envie de finir au gnouf.
– Ah, mais tu es définitivement con, en fait ! T’as pas vu que y a rupture sur les home-trainers ? Wahoo, Taxc, Saris, Elite, y’a plus rien de dispo.
En revanche, y a du Winora, du Tampsa, du Cycle traîner. Sinon, t’as des pédales capteur de puissance Favero Assioma Duo à 695 €
– Ouais, mais -60 % !
– J’me tâte. Mon cousin a acheté un home-trainer d’une marque inconnue la dernière fois sur Alibabouille.com. Bon, Il a payé 69 € de port qui n’était pas indiqué au départ et la notice était en chinois. Ça ne l’a pas aidé à le monter, tu vois.
– Finalement, il a fini dans sa baie vitrée, à bloc, quand son spad s’est soudainement arraché du home-trainer, sans raison… Pas de bol, il n’avait pas jugé utile de mettre son casque. Alors j’hésite un peu.
– Bah ouais. Ça ne m’étonne pas. Il n’a pas acheté pendant le Black Friday. Encore une preuve qu’il faut faire gaffe.Black Friday, je te dis. C’est du lourd. Ça vient des US. Le pays des vieillards en forme ! En Floride, ils ont tous une patate de dingue !
Bon allez, je te laisse, J’ai vu un cadre Pinardello F16 magnifique à 500 € ! Je ne voudrais pas rater ça. Et pour ma nana, un sac Birkin saumon à 800 euros. Bon, il est fabriqué à la main par des enfants mais faut voir le bon côté des choses : avec leurs petites mains, ils n’abiment pas le cuire quand il le pique.C’est l’effet Black Friday. Tout le monde est gagnant. Faudrait vraiment être bouché pour ne  pas en profiter.

RJ

5 réponses

  1. Vous aviez raison, Michel. Nous venons de remettre les choses en ordre. Pour la peine, vous êtes bien abonné jusqu’au 28 décembre… 2021 !

  2. Bonjour Richard. Ancien abonné papier je viens de découvrir l’abonnement numérique. Je viens de m’abonner pour 1 an et sur mon compte je ne suis abonné que pour 1 mois alors que j’ai payé 19 euros? Merci pour la réponse. Cordialement.

  3. Bonsoir Stéphane,
    je bossais dans un grand groupe de presse lorsque les sites internet ont pris leur envol. c’était entre 1998 et 2001. le business model était très clair : tout devait être payé par la publicité. il fallait aussi occuper le terrain.
    Ils avaient embauché ..90 personnes. Ça ramenait pas un kopeck pendant 3 ans. Ou vraiment pas assez. les journalistes avaient plus ou moins fait grêve car ils voulaient être payés 2 fois ! Incroyable ces types là. En tout cas, à l’époque, il n’était pas question de payer un journaliste pour re-utiliser ses articles déjà payés! Cela n’a pas empêché la boite de se planter. Ceci dit, je me souviens parfaitement que je ne comprenais pas comment on pouvait donner gratuitement un vrai travail , même en le finançant par la pub.
    Il aura fallu 20 ans pour que tout le monde comprenne qu’il fallait vendre les articles. sauf qu’entretemps, beaucoup se sont habitués à écrire au kilomètre et générer des clics pour des clics avec des copies de communiqués de presse. Résultat, aujourd’hui ils ne savent plus comment s’en sortir ! Sauf grâce aux subsides annuel de l’état. sans ces aides, Le monde, Libération, le figaro, les échos, La croix, l’Huma seraient mort depuis longtemps. On parle d e millions d’euros annuels…

    Sinon, Suis bien d’accord avec la maquette. Cela a été un crève-cœur de devoir arrêter l’AC en version papier après avoir enfin trouver une maquette qui nous plaisait.Mais ainsi va la vie
    RJ

  4. Excellente chronique.
    J’ai aussi constaté que les gens étaient prêts à acheter de la m…. si elle est à -70 ou 80%. Le top du top, et tu en parles très bien dans ton édito, c’est que les gens achètent surtout des choses dont ils n’ont pas besoins.
    En ce qui concerne la gratuité des articles, le constat est on ne peut plus juste également. Et il faut quand même admettre que 18 balles par an pour un abonnement à L’AC digital c’est pas donné ………. mais presque (mais qu’est ce que je regrette la dernière maquette papier de l’AC qui était une sacré réussite).
    En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet édito.
    Vivement le prochain

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