TOUR : 3e étape. C’est Rollerball!

On savait certains sports considérés comme de combats : La boxe, le Rugby, le ski de descente et le hockey. Il faut désormais y ajouter le vélo. Avec deux spécificités qui le distinguent des autres : la surface sur laquelle évoluent les cyclistes, le bitume et une protection corporelle particulière : Elle est inexistante…

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Assis, caché par Dylan Theuns qui s'inquiete pour son coéquipier au sol, Arnaud Demare ne sprintera pas aujourd'hui.©Eurosport
Geraint Thomas, pretendant à la victoire finale, lui aussi au sol. serieux. ©Eurosport

Chair à canon : expression qui désigne les soldats du temps des guerres napoléoniennes, envoyés à l’abattoir pour des raisons « stratégiques ».
Hier, en écrivant notre article sur la « chair à canon » que représentent aujourd’hui les cyclistes je me demandais qu’elle était vraiment la part de responsabilité des coureurs, que l’on s’empresse toujours de défendre.
Et puis aujourd’hui, on a vu un spectacle lamentable sur l’étape Lorient-Pontivy.

Mais on a aussi vu et entendu les interviews d’Arnaud Demare, Bryan Coquard ou encore Mark Cavendish. Tous évoquaient un final tortueux, dangereux même mais avec une désinvolture étonnante, comme s’ils parlaient d’une course à laquelle ils ne participent pas !
Et pourtant, non seulement ils y sont bien mais en plus, à terre. Ou à bitume, plus exactement.
Quant à Caleb Ewan, lui s’est fracassé dans le sprint final.
Et sur ce coup, ce n’est la faute de personne si ce n’est la leur. Idem pour la chute de Geraint Thomas qui s’est fait remettre l’épaule sur place par le médecin du Tour, tel un rugbyman.
De sacrés mecs, décidément.Mais vouloir passer à six là où il n’y a de la place que pour quatre, forcément, ça bloque.

Pas de vagues…
À la télé, à notre grande surprise, les commentateurs du direct commentent, y compris d’anciens champions sans plus s’énerver que cela. Le politiquement correct s’impose là aussi.
Mais enfin, la parole se libère grâce à un manager qui s’énerve. Il était temps. Marc Madiot a ouvert la (bonne) boite de pandore : On fait quoi pour que cela s’arrête !
Ceci n’est plus du vélo et les mères de famille qui regardent le tour n’ont certainement pas envie de mettre leurs gamins dans un tel sport ». On rassure Marc, si les mères de famille ne veulent pas mettre leur gamin au vélo, ce n’est pas pour ça…
N’empêche, il faut agir et il a parfaitement raison

Le Tour décapité pour des raisons extra-sportives ?
Ça aurait pu. Entre Roglic, Geraint Thomas et même Pogacar, tous sont passés à rien de la correctionnelle. Thomas, d’abord, sachant qu’on ne sait pas s’il repartira en bon état demain, Roglic, ensuite, avec le choc mais aussi une nuit qui s’annonce compliquée avec une épaule et une hanche gauche en sale état. Enfin, Pogacar, mais lui s’en sort bien mieux.
Reste que l’on a eu aujourd’hui 100 % d’un très probable podium final à Paris qui a goûté au bitume. Du jamais vu.On note au passage le silence Christian Prud’homme et de l’organisation

Si on se doute bien que tracer un itinéraire sur l’autoroute pour éviter les chutes n’est pas très spectaculaire, on se demande s’il n’y avait pas un autre itinéraire possible. Car mettre 180 bonshommes dans un final aussi tortueux, la bave aux lèvres, à plus de 70 km/h, nul besoin d’être grand clerc pour imaginer que les chances pour que cela se passe bien étaient proches de zéro.
Désormais tout le monde risque la chute, favoris compris, on l’a vu…

Des reconnaissances poussées ?
Encore faut-il avoir le temps. Mais les reconnaissances « à la papa », c’est fini !
Aujourd’hui, il faudrait presque adopter la démarche des co-pilotes de rallye : savoir que certains virages ne peuvent se prendre a plus de « X » km/h et pas, plus de 5 de front.
Dans le feu de l’action, on se doute que les « poissons pilote » des sprinters ne vont pas regarder leur compteur ou se compter et encore moins freiner mais une prise de conscience matérialisée par des chiffres peut aller dans le bon sens. Et savoir que sous la pluie, l’adhérence baisse de 30 ou 40 %. Quel coureur sait aujourd’hui ce genre de chose ? Quel team dispose d’une cellule technique ? Quel coureur a déjà compris fondamentalement pourquoi un jour ça passe et un autre jour ça casse ? Quel directeur sportif fait des séances vidéo sur les sprints ?

Autant de questions auxquelles il va falloir répondre si les managers et les sponsors ne veulent pas voir leur investissement se fracasser sous leurs yeux dans un scenario pourtant connu d’avance…

Quelle responsabilité du côté du matériel ?
Marc Madiot a raison encore lorsqu’il ne cherche pas un unique coupable face à ces chutes à répétition mais la conjoncture de plusieurs facteurs : L’organisation, l’état des routes, les spectateurs, les protections statiques et dynamiques, oreillettes ou…le matériel
Mais si les vélos de contre-la-montre sont particulièrement difficiles à maîtriser, on ne voit pas bien quoi reprocher aux vélos classiques.
Les profils des roues sont désormais particulièrement bien étudiés pour ne pas « surprendre » les coureurs. Surtout en peloton
Le freinage est semble-t-il optimal.
Reste que les cadres des vélos modernes sont très rigides et que leur capacité à réagir ou mieux, à encaisser et dissiper une subite torsion liée à un mouvement très brusque est devenue quasi inexistante. En clair, rattraper une situation scabreuse avec un carbone est devenu extrêmement rare.
Les vélos réagissent maintenant comme des motos de GP : On peut perdre l’avant, éventuellement le rattraper dans la foulée mais le coup de « raquette » est si brutal que les vélos partent dans un mouvement de zigzag incontrôlable. C’est exactement ce qui s’est passé avec la chute de Caleb Ewan, si tant est qu’il ne touche pas la roue arrière du coureur le précèdent. Les images sont assez étranges…
Mais quand tu vois les coureurs partir directement dans le décor, dans le dernier virage sans même pouvoir esquisser une tentative de redressement, on suppose que les vélos n’y sont pas pour grand-chose.

En revanche, le virage et les coureurs eux-mêmes, c’est moins sûr…
Bref, le jeu de massacre continue.
Allez, à demain…

RJ

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