Ridley Noah Ultegra Mix :  La parfaite Alchimie?

On ne cesse de répéter : un vélo conçu comme il le faut doit respecter une règle de priorité à ce jour immuable. Premièrement, un cadre. Deuxièmement, des roues et troisièmement, le groupe. Il semble que le bien nommé Noah Mix ait suivi cette règle à la lettre…

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Un grand vélo qui n’en reste pas moins élégant et bien proportionné.
La touche belge !

RIDLEY NOAH ULTEGRA MIX

Arrière court, tube supérieur bombé, fourche à tête intégrée et tube de selle profilé. Aucun doute, le Noah est bien une machine typée aérodynamique ! Chez Ridley, le Noah avait en son temps défrayé la chronique : il fut l’un des précurseurs en matière de vélo « aéro ». Depuis trois ans, Ridley décline ce vélo en de multiples modèles pour arriver à proposer cet Ultegra Mix, la version « économique » de la gamme.
Le Ridley se distingue avant tout par son tube supérieur très bombé. Objectif avoué, le confort vertical, celui qui compte car il n’impacte pas ou très peu le rendement. On sait que, jusqu’à présent, un vélo « aéro » est plutôt souple. En cause, la forme des tubes. La solution, augmenter le lay-up, c’est à dire le nombre de couches de carbone, pour rigidifier le cadre.
Problème, le poids. Voilà pourquoi un vélo « aéro », un cadre surtout, est souvent bien plus lourd qu’un cadre classique. Mais les choses évoluent petit à petit. Toujours est-il que l’on compte toujours au moins 200 g de plus pour un « aéro ». Mais maintenant, on ne se « balade » plus dessus ! Et encore moins chez Ridley dont le Noah n’a jamais été targué d’être un cadre mou !

La liaison de la fourche avec la douille de direction est parfaite. Un beau travail réalisé par les ingénieurs de Ridley.
La liaison de la fourche avec la douille de direction est parfaite.
Un beau travail réalisé par les ingénieurs de Ridley.

Ajoutez une fourche droite à la tête intégrée bien « costaude », et vous voilà avec un vélo typiquement belge. Pour information, ce cadre évolue entre 1070 et 1170 g en fonction des tailles, alors que la fourche annonce environ 400 g. C’est le prix à payer pour disposer d’un cadre « aéro » susceptible de proposer une nervosité digne de ce nom, à défaut d’une véritable rigidité…
Ce cadre est cependant fait de carbone haut de gamme, en fibre UD et différenciée. Ce n’est pas si évident que cela dans cette fourchette de prix où les constructeurs ont vite fait de jouer « l’esbroufe » avec des transmissions un peu ronflantes comme la Shimano Ultegra Di2 électronique et autres composants qui ont surtout l’intérêt de briller. Rien de tout cela sur notre Noah !

La patte du dérailleur avant est collée puis rivetée. Un gage de sérieux.
La patte du dérailleur avant est collée puis rivetée. Un gage de sérieux.

On note aussi le triangle arrière hyper compact, pour la rigidité, mais qui ne se la joue pas : les bases sont « à l’ancienne », triangulées, et presque aussi larges que hautes, alors que les haubans, eux, annoncent la couleur : du costaud ! Au final, un arrière qui devrait être très équilibré mais en version « vélo d’hommes ».

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La surprise vient du boîtier de pédalier : traditionnel, avec des roulements externes vissés, en BSC et 68 mm de longueur. On sait que ce choix garantit presque à tous les coups un cadre assez tolérant et nerveux. Les autres tubes sont très profilés. Ridley joue donc sur tous les tableaux en même temps : confort, rigidité et nervosité. Ce qui est idéal sur le papier. Mais si c’était si simple, cela se saurait. Il se trouve que le comportement de la tige de selle et des roues vient souvent changer la donne…

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Le Noah Ultegra Mix est disponible en six tailles. Curieusement, le cadre est assez courte, avec notamment 567 mm en taille L et 580 mm en XL. L’étagement est honorable. Bref, rien à dire de particulier sur ce point.

DES COMPOSANTS IDÉALEMENT DIMENSIONNÉS

C’est ce qui transpire immédiatement de ce vélo : à commencer par le pédalier, franchement pas « jojo », avouons-le ! D’ailleurs, esthétiquement, on trouve qu’il « plombe » un peu le vélo ! La solution ? Collez-lui des O’Symetric !

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En tout cas, que ce soit la transmission en Shimano Ultegra compact, le poste de pilotage, basique, ou la selle, Ridley a fait au plus économique ! Pour des résultats différents : le poste de pilotage est très ergonomique malgré un cintre à faible section. Mais leur choix d’un ruban de guidon épais à souhait fait que du coup, ça passe. La forme est particulièrement tolérante à toutes les allures. En revanche, l’assise est ultra spartiate pour un « lourd » comme moi. Un point à vérifier car si le réglage de la selle est correct, on trouve qu’il lui manque un peu de capacité d’avancement.
Détail cocasse, Ridley a aussi économisé sur les étriers de freins avec les BR561, des étriers hors gamme, ultra simples, mais qui devraient faire leur boulot.
Enfin, les roues. Ça fait un bout de temps que Ridley s’escrime à faire de bonnes roues. Presque dix ans. Cette année, le but semble atteint. Pas de tentative hasardeuse, on reprend les recettes qui marchent : 24 rayons devant et derrière, croisement par deux devant et derrière. Point barre. Côté moyeux, rien à dire non plus, les DT Swiss 350 Straightpull sont les plus rigides de la gamme. Nous allons voir par la suite que c’était le bon choix… mais Ridley a un peu cédé aux sirènes de « l’aéro » à tout prix avec des jantes larges, à pneus, et des enveloppes de 25 mm. Grrrrr…
Le test rendra son verdict, mais d’un autre côté, un vélo « aéro » avec des jantes à pneus, ce n’est pas non plus aberrant, surtout sous les 3000 euros…

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SUR LA ROUTE… ON S’ENVOLE !

En écrivant que ce vélo sentait le compromis à plein nez, on ne croyait pas si bien dire. Dans notre région, à l’approche des élections, ils refont toutes les routes ! Résultat, le rendement est bien meilleur. Mais cela ne m’a pas suffi à expliquer cette étonnante aisance rencontrée le temps de rejoindre le tour-test. Soit désormais 6 kilomètres supplémentaires depuis que nous avons déménagé. Autre raison potentielle, ma perte de poids et l’augmentation du temps passé sur le vélo en constante augmentation depuis trois mois. Bref, je roule ! Mais il y a quelque chose en plus… J’attends cependant la Roque-sur-Pernes pour en avoir le coeur net. Sur le plat, certains vélos flambent puis rentrent dans le rang dès lors que la route s’élève. Pas ce Noah.
C’est bien simple, non seulement je n’ai jamais eu mal aux jambes dans la bosse, mais, de plus, je n’ai jamais mis le 28 dents. Un signe qui ne trompe pas. Nous verrons ce qu’il en est avec les autres vélos de ce comparatif. La forme est donc présente, mais ce n’est définitivement pas tout. Les roues m’ont impressionné. Les Cirrus 30 ne bougent pas d’un poil, ne faiblissent jamais, et présentent une inertie juste comme il faut. Un régal ! Quand je pense qu’elles sont à pneus et avec des enveloppes de 25 mm, c’est pourtant tout ce que je déteste !!! Mais les faits sont là, et les faits sont les faits, c’est-à-dire indiscutables !
Voilà qui explique aussi le confort tout à fait honorable, voire un peu au-delà même, que propose ce Noah.
Dans la descente, j’ai tout de même constaté un freinage un peu limite. Pas de miracle, les BR561 ne valent pas les Ultegra. Ils sont plus mous, ce qui demande d’aborder le freinage de façon plus agressive, voire d’anticiper un peu. J’ai d’ailleurs dû ouvrir un peu les patins pour avoir plus de levier, donc plus de puissance lors  du freinage.

Enfin, la position était juste parfaite. Pourtant la potence était trop courte et j’ai dû reculer la selle. J’ai donc modifié mon angle par rapport à la boîte de pédalier et… je suis tombé pile poil ! Pile-poil sur quoi ? C’est bien le problème ! Toujours est-il que j’ai bien senti que tout était facile. A toutes les allures. Mais pas au point de claquer mon meilleur temps depuis plusieurs années non plus !

Vous l’aurez compris, ce Noah Ultegra Mix est admirablement conçu et monté. L’ensemble offre une facilité déconcertante. Pour info, j’avais gonflé à 8 bars devant et derrière.
Une réussite totale…

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DÈS « TROIS MILLE », LE NIRVANA

Voilà. La preuve est faite qu’à moins de trois mille euros et plus de 7,5 kg, on peut disposer d’une machine supra efficace. Pas forcément celle de vos rêves, pas forcément la plus légère ni la plus belle. Pas la plus frime non plus. Mais la plus efficace, oui ! Et c’est chez Ridley que cela se passe. Cela me rappelle l’un de vos courriers lecteurs du mois dernier, dans lequel l’un d’entre vous ne jurait plus que par Ridley.
Il n’avait pas tort ! Voilà qui prouve que la marque belge maîtrise parfaitement son sujet et que ceux qui ont sélectionné les composants méritent un coup de chapeau : ils ont osé l’efficacité au détriment de la frime.
Inutile de préciser que les autres semblent bien mal engagés dans ce comparatif.

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LA NOTE DE L’ACHETEUR CYCLISTE

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LA SYNTHÈSE DE L’ACHETEUR CYCLISTE
(cliquez sur les liens ci-dessous pour consulter les tests des autres vélos concernés par cette synthèse)

EDDY MERCKX Liege 75
LOOK 765

LE RIDLEY, NATURELLEMENT…

AUSSI ÉTONNANT QUE CELA PUISSE PARAÎTRE, EN DÉPIT DES ÉNORMES DISPARITÉS QUI EXISTENT ENTRE CES TROIS VÉLOS, SUR LE PAPIER, ILS SE TIENNENT DE TRÈS PRÈS ! LA RAISON VIENT DU FAIT QUE CHACUN A DE BELLES QUALITÉS, MAIS AUSSI QUELQUES « DÉFAUTS », MÊME S’ILS SONT DANS DES SECTEURS DIFFÉRENTS. MALGRÉ CELA, ON CONSTATE QUE LE RIDLEY NOAH ULTEGRA, LE PLUS RAPIDE SUR ROUTE, L’EMPORTE TOUT DE MÊME GRÂCE À UNE IMPRESSIONNANTE FACILITÉ JAMAIS VUE SUR UNE MACHINE DE MOINS DE 3000 EUROS ! BRAVO MESSIEURS.

En seconde position, le Look 765. Le Français s’appuie sur une bonne régularité dans chaque secteur. Mais ces Mavic Aksium sont trop « courtes » pour le faire passer devant le Ridley. Il peut pourtant se targuer de proposer un poids assez compétitif dans ce comparatif. En, gros, le Look ne souffre que de ses roues. Tout le reste est bon. Sauf que les roues, c’est capital…
Enfin, le Merckx Liège75. Ce classement reste une surprise pour nous. Ce vélo, on l’aurait presque vu devant. Mais l’acier paie un lourd tribut à sa masse. Avec 600 g de plus que le second, le Look, et 800 g de plus que le vainqueur, il lui était impossible de revenir dans la course. Mais au moins, le message est clair : un acier, sur le papier, c’est lourd mais, à l’usage, c’est tellement tolérant que cela en devient efficace.
Quant à mon choix personnel, j’aurais signé des deux mains, avant le tour-test, pour le Merckx. Je connaissais le Look et savais que son côté très (trop ?) doux allait me poser problème. Mais voilà, devant l’efficacité du Ridley, je me retrouve face à un véritable dilemme : lequel des deux Belges choisir ? En fait, j’aurais voulu prendre le Merckx et lui coller les roues du Noah. Mais ce n’est pas le jeu, il me faut me prononcer pour l’un d’entre eux…
Alors, je garde un penchant vers l’exceptionnelle efficacité du Ridley. Et puis j’ai adoré sa position !

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