Cette première semaine de tour est dantesque pour les coureurs. Rien ne leur aura été épargné : chutes, jeunes champions à l’abordage tous azimuts, météo pourrie et cerise sur le gâteau, l’avènement d’un phénomène.
Car même les « pros » ont des limites. Il est vrai qu’à force de les voir, années après années, venir à bout de tous les menus pantagruéliques que les organisateurs de courses leurs concoctent on en oublie la réalité.

La réalité, c’est qu’Ils sont à peine deux cents dans le monde à être capable d’encaisser la violence d’un tel effort, physique et mental.
Ces cyclistes ont un seuil de l’effort et de la douleur hors du commun.
Un mental probablement encore plus fort pour ne pas trop gamberger quand tu sors d’une journée très difficile que ça va continuer le lendemain. Mais quand le froid te prend, que tu ne peux même plus enfiler un imperméable, que tu ne peux plus freiner correctement dans les descentes et qu’elles deviennent elles aussi une épreuve, alors, tu redeviens humain car toi aussi, tu as atteint tes limites. Quelles qu’elles soient
Guimard avait raison hier, il a dit « Pogacar nous as fait une Hinault »

Chacun ses limites : celles d’un phénomène choque toujours…
Et puis soudain, sur ton chemin, tu as affaire a autre chose. Un homme qui lui n’a pas atteint ses limites. Il n’est pas juste plus fort que toi, il est dans un autre monde. Soudain, tu comprends que le destin a mis sur ta route un Hinault ou un Merckx. Tu redeviens alors le cadet que tu as été en regardant celui qui écrasait ta catégorie de l’époque en enfilant les victoires.
Celui la fait un autre sport que toi.
Mais sur ce Tour, celui-là, tu l’as dans les pattes tous les jours
Et aujourd’hui, tu sais que les conditions d’hier vont se répéter.
En pire car tu vas aller plus haut en altitude. Il fera plus froid, ça montera plus longtemps et les descentes seront encore froide..

A ce moment-là, même en tant que « pro », tu sais que c’est l’enfer qui t’attend…

RJ