Complice ou ignorant ?

Fabriquer ses vélos en Asie est devenu la norme. Mais la-bas comme partout, il y a des différences de niveau, de qualité et de respect du client. Mais ce n’est pas une fatalité non plus. Des artisans se battent et produisent des machines magnifiques. ..

Depuis que l’Acheteur Cycliste magazine existe, nous pensons qu’aller voir et discuter avec des constructeurs permet de mettre en exergue leur travail et justifier, de fait, le prix parfois exorbitant des vélos modernes.
Non seulement on a assez vite fait de deviner ce qu’ils fabriquent ou non, mais de plus, cela étoffe notre bagage technique et nous permet de juger au plus juste le niveau de performance de chacun d’eux. Ce qui nous permet donc de vous mettre en main les meilleures cartes pour acheter en connaissance de cause. Mais depuis deux ans, le cheptel des constructeurs régresse à vue d’œil. Il ne vous aura pas échappé que ce sont les Italiens qui s’en sortent le mieux. Nous parlons des artisans, pas de ces ersatz de constructeurs qui tentent encore et toujours de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Curieusement, nos relations avec eux sont assez tendues. Ils savent que nous savons et chez ces gens-là, quand on ne tourne pas dans le sens de la mascarade, les sourires se figent. Pourtant, tout le monde a compris depuis longtemps que si Specialized, Wilier, Trek, Lapierre, Orbea, Cervelo, Kuota ou même Canyon ne fabriquent pas grand-chose dans leurs bases, ce n’est pas infamant. It is the law of business ! Bien sûr, on préférera, dans l’esprit, s’offrir le De Rosa King 3 RS sur mesure, le Time RXRs Ulteam, le Colnago C59, le Moser 001 sur mesure, mais ce n’est pas le même prix… Aujourd’hui, un constructeur est d’abord un créateur, un acheteur et enfin un assembleur. Il n’y a même pas de moteur à bâtir, comme en automobile. Du coup, beaucoup de vélos proviennent du même endroit, voir des mêmes usines ; Taiwan pour les bons, Chine, Malaisie ou Cambodge voir Vietnam pour les « mauvais ». Le savoir-faire du carbone et surtout la main-d’œuvre à vil prix se trouvent là-bas.

Mais, tous ensemble, nous pouvons changer la donne. De toute façon, le virage est déjà pris. Ce n’est qu’une question de temps. La crise s’installe durablement. S’offrir un beau carbone en provenance d’Asie, c’est enfoncer un clou de plus dans le cercueil des Européens. Ceux qui travaillent. Peut-être celui d’un de nos amis, de notre famille voire de nos enfants. À quoi ça rime, tout ça, si c’est économiser peut être 1000 euros d’un côté pour en faire perdre 2000 par mois à nos proches ou a nos congénères européens, avec qui nous sommes tout de même dans une compétition plus saine, plus juste, que celle avec ces « esclaves » asiatiques des temps modernes ?
À rien.

Mais comme d’habitude, pour changer les choses, il faut s’y mettre à plusieurs. Et arrêtez de se voiler la face. Un Daccordi, Un Casati, Time français, un titane de CMT, de Nevi ou même de Bianchi, voilà un choix raisonné. L’autre jour, j’ai regardé mon « parc » à vélo. Bizarrement, j’avais deux titanes, deux aciers et un carbone ! Soit quatre vélos sur cinq fabriqués en Europe ! J’étais fier de moi. Et franchement, il y a de quoi pédaler dans de bonnes conditions, et parfois de fabuleuses conditions. Bien sûr, le reste de l’équipement, à commencer par les groupes, ne permet pas (encore ?) le même raisonnement. Mais soyons prêts. Aujourd’hui, Tiso se démène pour fabriquer des dérailleurs en Italie. Rotor s’occupe des plateaux. Look et Time font les pédales. Aero Zenith fait entièrement ses roues en France, Corima de nouveau aussi. Stronglight s’occupe des pédaliers et des plateaux. Les Italiens savent faire d’excellents cintres et des potences en aluminium. FMF ou Veloflex s’occupent des boyaux. On n’est pas loin de notre vélo européen, non ?
Alors soyons cohérents. On veut revoir des constructeurs, des vrais ? On veut pouvoir de nouveau discuter avec des types qui savent ce que veut dire « fabriquer » un vélo ? C’est possible. Mais ces types-là, il faut les supporter. Quitte à les « engueuler » quand le travail n’est pas parfait. Mais ça, c’est une attitude responsable, créatrice de richesses et qui fait la part belle à la création, la vraie.
Les vélos aux yeux bridés, qui reviennent à quatre francs six sous et que l’on nous met sous le nez pour des milliers d’euros ne sont qu’un au miroir aux alouettes.
Et si vous avez du mal à vous passer d’une machine qui a gagné le Tour de France ou Milan-San Remo, pensez aux « petites » mains qui les fabriquent. Embrumés dans leur nuage de carbone, les poumons pleins de solvant ou d’une résine qui collera leurs bronchioles aussi sûrement que les fils de carbone…
En général, ça marche.

RJ

3 Responses

  1. C’est très juste. Ca fait déjà quelques années que Campagnolo a externaliser la fabrication des groupes et autres, notamment les composants qui demandent l’utilisation du carbone..

  2. Bonjour M. Jamin
    Vous parlez des groupes qui ne sont pas fait en Europe… mais selon le website de Campagnolo touts serait fait en Europe..!
    Selon se que je trouve sur le web italie et la Roumanie seraient la ou sont leurs usines
    Est ce vrai?

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