Championnat du monde Gravel 2022 (suite)

Gianni Vermeersch champion du monde de… VTC* !

* Vélo Tous chemins

Pour une fois, nous avions trempé notre plume dans du miel pour saluer ce tout nouvel évènement. Pourtant, le choix de la Vénétie, plate comme une limande et l’autorisation de courir en VTT, vélo de route ou Gravel nous avait mis la puce à l’oreille sur l’erreur de casting. Cela n’a pas raté…
Gianni Vermeersch sera à tout jamais le 1er champion du monde gravel. Une carrière réussie...Capture écran ©Eurosport

On savait l’Italie peu réputée pour les retransmissions claires mais cette fois-ci, ils se sont surpassés : On n’a pas vu l’attaque de Gianni Vermeersch en fin de course ni son écart grandir (ou pas !) mais cela arrive. Julian Alaphilippe, alors qu’il tentait de gagner son premier championnat du monde, dans le final, et revu sans que l’on n’en suive rien. C’était il y a 5 ans, à Innsbruck.

Non, si nous avons à blâmer quelqu’un ou quelque chose, c’est d’abord l’UCI, qui a pris clairement ce championnat un peu par-dessus la jambe, alors que le Gravel fait un ravage chez les pratiquants depuis plus de 5 ans et s’est franchement révélé il y a 10 ans.

Or, qu’avons-nous vu ?

Deux coureurs, le champion du monde et son dauphin, donc les deux premiers, s’échapper très longuement, quasiment dès le départ, avec des vélos de route chaussés de boyaux de 32. Des machines à peine différentes de celles utilisées lors de Paris-Roubaix. Mais alors, qui de Paris-Roubaix ou du championnat du monde désigne vraiment le championnat du monde de Gravel ?

Le parcours était clairement raté. Et franchement, il faut avoir de sacrées œillères pour ne pas voir qu’ils se sont trompés dans les grandes largeurs. D’abord, sur le dénivelé. Ensuite, sur le type de route employée, enfin, sur la distance.

Gianni Vermeersch a parcouru les 194 km du parcours en 5h10, soit une moyenne de 37 km/h. Dylan van Baarle a fait les 258 km jusqu’à Roubaix en 5H37, soit une moyenne de 45,93 km/h. Non seulement la différence est d’une faiblesse surprenante mais de plus, Vermeersch a gagné en faisant un trophée Barracchi de 150 km avec le vétéran Italien Daniel Oss. Bref, dans des circonstances normales d’un championnat du monde, cela aurait pu aller encore nettement plus vite !

Il y a donc eu une véritable erreur de parcours. Celui-ci était trop long, pas assez dur et sur des chemins bien trop roulants.

Si le Gravel est effectivement une discipline initialement considérée comme devant se tenir sur des longs chemins, plus ou moins caillouteux et à peu près plat, c’est parce qu’il est pratiqué par des cyclistes contemplatifs, désireux de s’évader hors des entiers battus sans pour autant se retrouver à faire du trial. À l’opposé, dès lors que le niveau s’élève, même en amateur, rapidement les parcours se musclent. Je m’en étais même un peu plaint lors de la reprise de l’historique cyclo / épreuve de Megève, la Megève Mont Blanc.

Alors avec des « pros », on s’attendait à un parcours hypersélectif, spectaculaire, avec de nombreuses et grandes bosses dures. Cela n’a pas été le cas.

Finalement, on a eu une drôle de course, sans suspense, ou très peu, et un sacré goût d’inachevé dans la bouche. Sans retirer une seconde, le mérite de Vermeersch.

Le peloton n'aura jamais vraiment chassé... Capture écran ©Eurosport
Les deux fuyards sur leur velo de route...Capture écran ©Eurosport

2023 : une fois, ça va, deux, ce serait trop…

L’année prochaine, ce championnat devra se tenir où il faut, comme il faut. Une fois, ça va, mais deux, ce serait encore jeter l’opprobre sur l’UCI, qui n’en n’a pas besoin.
Gageons donc qu’ils auront compris que sur cette magnifique idée, on peut bâtir un rendez-vous extraordinaire et même, qui sait, attirer des téléspectateurs pas spécialement férus de cyclisme. Il n’y a qu’à se baisser pour envoyer le cyclisme dans le 3ème millénaire avec des courses passionnantes et ultra-disputées…

On croise les doigts.

RJ

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