Bianchi Oltre XR4 : La flèche céleste !
Nous étions invités, en juillet dernier, à la présentation de ce nouvel opus de l’Oltre, vélo performance de la gamme. Un vrai tournant car le XR4 est devenu le modèle route le plus aérodynamique conçu et fabriqué par la marque de Treviglio. Mieux, ses lignes ont été élaborées en Italie et testées dans une soufflerie française, à Nevers Magny-Cours, avec une technologie issue de la compétition automobile. Un essai entouré des célèbres Riva, au bord du lac d’Iseo, avait révélé une machine facile d’accès et racée. Nous vous en disons plus…

UN MAGNIFIQUE POSTE DE PILOTAGE INTÉGRÉ
Lorsqu’on observe l’Oltre XR4 pour la première fois, on remarque son poste de pilotage intégré réalisé en collaboration avec Vision, la marque
détenue par FSA.
La potence s’intègre à merveille dans le cadre, la jonction est superbement réalisée grâce à des astucieuses entretoises qui reprennent la forme du cadre sur le bas et la forme de la potence en haut. On dirait une goutte d’eau.

Le groupe Sram Red eTAP ne fait pas dans la figuration. Il faut dire qu’il convient à merveille à la ligne très moderne de ce vélo. En plus les entrées de câbles (pour les groupes réclamant une câblerie, NDLR) sont bien masquées, ce qui donne une ligne très épurée à cette machine. Seuls les freins sont hors groupe, ce sont des TRP, Direct Mount oblige, car Sram
préfère miser sur le disque et n’en propose pas à l’heure actuelle. Des freins qui ont une ligne assez futuriste, on croirait presque des prototypes. En tout cas, ils ont fière allure et semblent bien réalisés. Connaissant le sérieux de TRP, on ne se fait pas trop de souci. On profite donc des avantages d’un groupe sans fil, à savoir entretien minimal et ligne très épurée. Le fonctionnement de ce groupe est très bon, attention cependant à ne pas trop le brusquer en changeant trop de vitesses d’un coup, dans
ce cas il pourrait se montrer un poil plus long à réagir qu’un groupe avec fil. Sinon, c’est une petite merveille, et quelle ligne !
La tige de selle en carbone, conçue spécialement pour s’adapter à notre Oltre, est de belle facture et se montre facile à régler. Seul son diamètre
important pourrait pénaliser le confort, mais le Countervail est là… La selle est bien le seul composant qui pourrait poser problème. La Fizik Arione a une belle ligne, digne d’un avion de chasse, mais elle se montre très exigeante. Très dure, sa forme plate sur le dessus a vite fait de vous occasionner des pressions au postérieur. On aime ou on déteste, mais à
essayer absolument.



On termine du côté des équipements de ce vélo par le train roulant. Bianchi choisit d’équiper l’Oltre XR4 de roues à boyaux, nous ne pouvons que saluer ! À l’heure où la plupart des constructeurs équipent leurs vélos
en première monte de roues à pneus, Bianchi prend le contrepied et c’est très bien. C’est Zipp, le partenaire de Sram, qui équipe ce vélo avec des 404 Firecrest. Des roues qui ont fait leurs preuves, utilisées notamment par les coureurs du team AG2r l’an dernier. Très aérodynamiques avec leur jante large et leur profil façon balle de golf, elles ont le mérite d’être bien plus légères dans cette version à boyaux.
Un équipement de grande facture pour cet Oltre XR4 !

UN RAPPORT PERFORMANCE/FACILITÉ DE HAUT NIVEAU
La prise en mains du vélo réalisée cet été m’avait laissé de belles sensations et de bons souvenirs. La machine s’était montrée attrayante et facile tout en étant plutôt confortable.
Nous n’avons pas reçu exactement la même version, le groupe, les roues et les étriers de freins diffèrent. Pas de quoi me chambouler, je retrouve très vite mes marques. Le poste de pilotage tout intégré est très ergonomique et me convient bien. Il faut dire que je n’ai généralement pas de souci avec les postes de pilotages intégrés.
Je pars comme à mon habitude sur le grand plateau. Le vélo file avec facilité dans le chuintement habituel des boyaux. C’est très plaisant. Les Zipp 404 avec la jante très large se montrent résonantes, on se fait remarquer en danseuse !
J’arrive ainsi, paisiblement mais à très bonne allure, au pied de la côte de la Roque-sur-Pernes. L’avantage est qu’elle se situe au tout début de notre circuit-test, elle permet donc tout de suite de se mettre le vélo « dans les
jambes ». Ce vélo aérodynamique reste très léger avec un poids sous les 6,8 kg, et je le ressens instantanément dès lorsqu’il s’agit de garder l’allure quand la pente s’élève. Il réagit sans aucun temps mort. J’en remets une couche dans le passage difficile, toujours avec le grand plateau. Les roues complètent le cadre à merveille, la rigidité de l’ensemble n’est ni trop importante, ni pas assez. Il y a ce qu’il faut, là où
il faut. La pente s’adoucit, je me rassois sur la selle et j’en profite pour reprendre mon souffle. L’allure augmente malgré le fait que je relâche
mon effort, je me sens aidé par le couple roues/ cadre.
Dernier passage difficile, au sommet. Je sens que je pourrais accélérer encore, mais je préfère en garder sous la pédale pour le faux-plat, tout
à l’heure.
Avant d’entamer, je passe sur deux dos d’ânes à bonne allure et je ne sens pas le vélo tressauter. Le guidon me reste bien dans les mains malgré le ruban de cintre assez fin, et mise à part la selle Arione, je sens le vélo plutôt confortable, apte à encaisser les obstacles de la chaussée.
Je tourne à droite et descends toutes les vitesses. À ce propos, le fonctionnement du Sram eTAP est différent de celui qu’on rencontre
sur les groupes concurrents et diffère même de celui des groupes Sram mécaniques. Un peu déroutant au début, mais c’est plus une question d’habitude au fond. La difficulté peut venir du fait de passer d’un vélo à un autre et d’avoir d’autres réflexes, qui changent à chaque fois, comme votre serviteur par exemple… Grosse relance pour arriver le plus vite possible dans la première courbe, en épingle. Le freinage des étriers TRP est convaincant, bien que l’attaque manque un poil de franchise. Il ne faut
pas hésiter à mettre beaucoup de pression sur les leviers. Je place le vélo au millimètre et en pleine confiance, je ressors très large. J’avais repéré avant qu’aucune voiture n’arrive en sens inverse. Encore une relance pour aborder la courbe à l’aveugle et en léger dévers. À la sorte du virage, je ré-accélère lorsque la route redescend brusquement sur quelques mètres, la roue arrière se soulève légèrement. Signe que je suis passé très vite mais aussi que le vélo est vif en relance. C’est juste après que j’atteins
ma vitesse maximale. Le reste de la descente, composé de portions en faux-plats et rectilignes, me permet de reposer mes avant-bras sur le
haut du cintre et de profiter de l’inertie positive du train roulant Zipp.
En bas, j’attaque le faux-plat qui me ramène vers Saint Didier et l’arrivée de notre tour test. Je m’étais réservé pour l’occasion en en gardant lors de la montée. Je décide de partir très fort, ne sentant pas mes jambes. La rigidité du vélo s’est montrée infaillible et m’a permis d’emmener assez gros et de sentir toute la puissance passer. Un régal ! J’atteins le sommet
aux alentours des 30 km/h, un poil plus rapide que d’habitude, le vélo roule vraiment bien. J’ai relancé en arrivant dans le passage difficile, à
cinq cents mètres du sommet. C’est la partie la plus compliquée de ce faux-plat, qui si on l’aborde trop rapidement, risque de vous laisser
planté. Rien de cela avec l’Oltre, ça passe.
J’entre dans le village. Je suis passé à cet endroit hier avec le Pinarello de ce comparatif pour des photos et il m’avait bien rappelé que, lors de l’essai, il m’avait bien malmené à cet endroit. Le Bianchi, sans offrir le confort d’un pur vélo d’Endurance, passe bien et m’épargne avec brio. Je sens bien qu’il se passe quelque chose de différent par rapport au précédent Oltre, le XR2, que j’avais essayé sur cette même route. C’est bien plus soft.
Je termine ce tour-test dans le raidillon, véritable « coup de cul » de 150 mètres à plus de 10%. Je suis lancé en l’abordant avec un braquet délibérément grand. Le Bianchi enchaîne, l’air de rien, et pardonne cette « erreur de débutant ». Le rendement et la réelle facilité d’usage.
UNE FACILITÉ ET UN RENDEMENT OMNIPRÉSENT DANS UN CONFORT APPRÉCIABLE
L’ancien Oltre faisait preuve d’un comportement axé vers la compétition et ne versait pas dans la facilité d’usage. Si bien qu’il pouvait passer pour un vélo exigeant. S’inspirant du travail sur le carbone réalisé pour le Specialissima, Bianchi a fait évoluer sont Oltre, notamment en adoptant de la fibre incluant du Countervail, ce qui oriente le XR4 vers un comportement résolument moderne, alliant facilité d’usage, grande efficacité et filtration des vibrations. Un vélo à tout faire !