Merida Reacto 6000

Merida Reacto 6000 : POUR LES GRANDS ESPACES… PLATS !

Mérida est un discret géant. Numéro deux mondial des constructeurs, fabricant pour de nombreuses (et prestigieuses) autres marques, le Taïwanais a beaucoup appris de ses dernières années en World Tour. Cela se confirme cette année avec Nibali et la Bahrain. Reacto, la gamme «aéro», est le fruit de ces années-là. Voilà le 6000.
Merida Reacto 6000 Richard
Une belle gueule, ce Reacto, non ? Très moderne, très actuel, ce vélo est visiblement orienté vers « l’aéro ». Il fait d’ailleurs partie de ces modèles, qui curieusement se raréfient, à disposer de l’option du freinage arrière sous la boîte. On en connaissait les défauts, à savoir une tendance à avoir les patins qui frottent de façon intempestive sur la jante, et/ou de manquer de puissance. Or, maintenant que ces défauts sont gommés (nous le verrons dans le tour-test), ce freinage se fait plus discret !!! Merida Reacto 6000 BoitierMais revenons à ce cadre : réalisé en fibres UD exclusivement (les meilleures), il a aussi la particularité d’intégrer une résine à nanoparticules. La désinformation étant désormais terminée à leur sujet, à savoir qu’elles servent avant tout à éviter le délaminage des fibres entre elles, donc à renforcer et sécuriser un cadre, on reçoit le message des constructeurs avec plaisir ! La boîte est une BB90, roulements Press Fit. De l’hyper courant. Le tube de selle est « aéro », avec cette forme désormais incontournable, en demi-sphère allongée, alors que le triangle arrière est tendu, très court, avec l’arrimage des haubans très bas sur le tube de selle. On obtient ainsi un arrière rigide, sans mettre plus de matière, d’où un gain de poids. Côté bases, nous avons affaire à un design impressionnant, avec des formes larges et rectangulaires. Un choix dicté par une logique esthétique et pratique plus que technique : on sait maintenant que faire un arrière rigide est plus un souci géométrique et de diamètre de section que de forme. Et Merida en profite pour fixer correctement son étrier arrière « Direct Mount » à double pivot. Notez le « capot » carbone, sous la boîte de pédalier : il permet une ouverture du cadre pour un aérodynamisme supérieur et, au passage, de protéger et faciliter l’accès à l’étrier. Voilà donc un cadre très « aéro », d’environ 1000 g, qui joue beaucoup la carte de la rigidité et la fiabilité. Tout à fait dans l’esprit de Merida. En ce qui concerne l’offre de tailles, elle est plutôt forte avec sept choix, soit un de plus que le Rose, l’Origine et le Spe ! L’étalement est régulier et, à ce niveau de prix, est excellent avec de 10 à 15 mm entre chaque taille. La garantie de trouver un Reacto à son pied ! Côté angles, on est dans la norme, rien de particulier à noter.
Merida Reacto 6000 Fourche

Un équipement… de rouleur !

Assez logiquement, en tout cas pour rester cohérent avec la cible de cette machine, Merida l’a dotée de composants susceptibles de favoriser la vitesse, l’ergonomie « aéro » et un certain standing. Côté transmission, on retrouve donc le groupe Shimano Ultegra, pour changer, en version semi compacte (52×36), parfaite, et une cassette de 11×28, histoire de passer correctement les bosses. A notre avis, pour les rouleurs qui vivent dans des régions un peu vallonnées, une 11×30 n’est pas interdite, même si elle peut jurer un peu.
Merida Reacto 6000 Haubans
Devant, contrairement à notre montage (potence Deda 130 mm pour allonger la bête), le Reacto 6000 est équipé maison. Et comme il faut. C’est d’ailleurs devenu classique chez les grands constructeurs et on a droit à des composants aluminium de belle facture, plutôt agréables à l’oeil, et surtout ergonomiques ! Ainsi un cintre très compact et aérodynamique, qui facilite la position mains en bas. L’assise, de son côté, est très « classieuse » : la tige est indissociable du cadre, profilée aussi, et dispose d’un chariot simplissime, à deux vis de réglage (latérales) et un serrage intégré au tube de selle. C’est élégant et efficace. Quant à la selle Prologo, Zero II PAS, elle est fine et assez dure. Plate, elle permet de bouger et son léger canal périnéal autorise une position allongée. Cohérent et pas mal. Pas une « super », mais une selle adaptée et assez polyvalente.
Merida Reacto 6000 Poste de pilotage
Pour finir, les roues : là, cela tique un peu. Les Fulcrum Quattro 35 aluminium à pneus sont des roues spécialisées. Elles visent les grands bouts droits et l’utilisation des gros braquets. Plutôt lourdes, à pneus, donc, elles n’ont rien de très aérien. Il faut en être conscient. En revanche, une fois lancées, ce sont de bonnes dévoreuses de kilomètres. La légendaire rigidité des Fulcrum fait le boulot. Là, si vous tombez sur un bon rouleur, gare ! Ne laissez pas trop d’espace, sinon le Merida est une belle arme pour vous mettre au supplice, petit à petit, à 45 km/h de croisière ! La mort douce, quoi… Vous l’aurez compris, les Fulcrum donnent au Reacto 6000 une personnalité tranchée. Tenez-en compte.
Merida Reacto 6000 Boitier2

Sur la route

Un bon gros rouleur ! Mais le vélo est trop petit pour moi. J’ai donc, au moins, changé la potence, histoire de pouvoir me poser et tirer correctement sur le cintre. Le Merida a la particularité d’être est un vélo pour coureurs puissants… mais pas forcément très forts ! C’est d’ailleurs sa qualité principale : sur le plat, il « envoie » plutôt bien, même si vous êtes un peu « cuit ». Mais attention, sur le plat, hein ! Car avec ses pneus de 25, on sent qu’il y a de l’inertie. Sur la portion à peu près plane avant le village, ça roule tout seul. Bien gonflés, les 25 mm de section des Continental sont presque transparents, mais quand la côte montre le bout de son nez, on a quand même vite fait de mettre tout à gauche ! Franchement, changez de pneus : avec de bons 23 de qualité, assez légers, le vélo fera un bond en côtes, c’est évident !
Merida Reacto 6000 Vue arriere
Il faut dire que la transmission est une 52×36 et 11×28. Même compacte, les deux dents supplémentaires du petit plateau, souvent de 34, se ressentent. Ceci dit, sans en avoir l’air, il avance. Son inertie est bien présente sans être trop handicapante. Quand on pense qu’il fait 1,5 kg de plus que le Rose, ce n’est pas rien… Dans la première partie de la Roque-sur-Pernes, il est difficile de se faire une idée : le Reacto semble un peu pataud mais, parallèlement, on a l’impression qu’il avance bien tout de même. Encore une fois, à croire qu’aucun grand ne fait de vélo, notre Merida de test est un peu trop petit pour moi : cela a dû jouer sur mon ressenti à l’effort. Dans les 13% de la Roque, j’ai un peu souffert. Ce qui laisse à penser qu’il ne faudrait pas que ce genre de côtes se succèdent trop pour le Reacto. En fait, j’aurais tendance à accuser un peu les roues Fulcrum Racing Aero. Les jantes profilées aluminium à gros pneus sont typiquement des roues pour le plat. Et, dès que ça grimpe, elles couinent un peu. D’ailleurs, dans la seconde partie de la côte, la plus facile, cela va tout de suite mieux ! Comme par hasard. Et la suite le prouve : dans la descente, c’est la fête. Sécurisant, efficace, le Merida enfile les virages rapides avec aisance. Je note au passage qu’il est « un poil » dur, côté confort. Mais les pneus de 25 de section lui sauvent la paillasse. Leur impact est tel sur le confort que depuis peu, n’importe quel vélo dur passe pour confortable. Je termine donc la descente : cela freine impeccable. La piste aluminium des jantes, une boîte de pédalier qui ne bouge guère, et un étrier Shimano parfaitement au point démontrent que ce type de freinage a encore de belles années devant lui, si la conception d’un cadre l’exige.
Merida Reacto 6000 Arriere
Et en route pour le faux-plat final : j’avoue que je souffrirai un peu. Mais sur le 52, ce n’est pas non plus très surprenant. N’empêche, si le Merida est assez fort pour emmener du braquet, même à faible cadence, il montre ses limites au-delà des 6-7%. On pourrait alors trouver qu’il se comporte comme les vélos à 1800 euros : pas loin, c’est vrai… mais en faisant une minute à une minute trente secondes de moins au tour ! Ce qui change tout !

Discrètement… rapide !

Une fois le tour-test terminé, je consulterai avidement mon chrono : 32 minutes et 36 secondes. Je pensais vraiment avoir fait bien plus ! C’est ça, le Merida : un vrai tracteur. Il avance, contre vents et marées. Il fait un peu mal aux cuisseaux, mais il avance. Il faut donc privilégier les grands espaces, plutôt plats, et maintenir une bonne vitesse. Là, il est tout à son affaire… Et puis, si le Rose fait fort côté rapport prix/poids, ce Merida ne donne pas sa part au chien ! En vente en magasins, c’est fort.
Merida Reacto 6000 Fiche technique

Renseignements : www.merida-bikes.fr

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