Cyclisme Pro : LE DÉCLIN ?

Cette fois-ci, le signal d’alarme est tiré…
Suite au courrier de l’un d’entre vous, Francis, notre Furax national, nous avons eu envie de continuer sur sa lancée en posant la question suivante : où va le cyclisme « pro » ? Après un Tour 2018 misérable, il faudrait en effet tout remettre sur la table.

Froome et Geraint Thomas : Quand le Tour se «deal» ?

C’est au détour de ce coup de gueule de Francis que nous avons rebondi sur le spectacle du Tour de cet été. Vous avez été nombreux à jeter l’éponge devant votre petit écran pour cause de non-intérêt. Coureurs trop dopés ou trop brimés, on ne sait plus… Alors à vous la parole, à nous la conclusion.

Salut le Provençal !

Y a encore un truc que j’avais envie de t’écrire, à défaut de pouvoir le braire dans les oreilles de tes confrères journalistes sportifs. Voilà le cri : « Bandes de gros nazes ! Est-ce que vous ne pourriez pas un peu lâcher la grappe au vélo ? Vous commencez à être lourdingues et à nous les briser menu avec le dopage ! »
Froome – Ventoline – moteur… La première grosse « bouffaïsse » de l’été, comme dit Mado la Niçoise, me prend pendant le Tour en regardant Laurent Luyat. Il invite notre cher Président de l’UCI, David Lappartient, pour blablater de l’affaire Froome. Ledit Président bien mis, coiffé comme un 2Be3, vient ne rien dire sur ce « non-événement», cette boule puante que lui, l’UCI et l’AMA (agence mondiale anti-dopage) ont soigneusement
dissimulée, qu’une certaine presse a fait fabriquer à bon compte par des journalistes opportunistes, paresseux, inconséquents et incompétents à la solde de groupes de presse cupides.
Ce jour là, Lappartient ne dit rien, donc. Nada. Il parle comme un président de parti politique, mais on ne saura jamais clairement de sa bouche ce que l’AMA lui a dit et ce qui l’a motivé à laisser courir Froome !
Donc, à ce moment-là, on a mis l’huile dans la friteuse et on cherche les allumettes pour y mettre le feu !
Le lendemain, qui retrouve-t’on après l’étape ? Le blaireau, alias pépère Hinault, qu’on a exhumé de son potager de Troufignac les Binious qui en remet une couche, la bave aux lèvres, l’oeil inquisiteur, avec une xénophobie de l’Anglais difficilement dissimulée, et qui nous raconte que chez lui, dans la « principauté » des chapeaux ronds, tous les mômes en cadets ont remplacé leur pompe à vélo par des inhalateurs de Ventoline ! Les petits cons. Pire, il paraît, toujours selon lui, que ce sont les parents
qui fournissent. Les vieux cons…
Ce sont surtout Froome et la Sky qui risquent de mettre « cher » à l’ego du Breton à la retraite, en faisant ce qu’aucun coureur cycliste n’a réalisé, à savoir gagner un 5e Tour et doubler la victoire Giro/Tour. Ah, quelle horreur ! Qu’on les pende haut et court ; et vite. Alors là, je me dis : mais
comment un mec comme lui peut accepter de venir se couvrir de pisse à la télé en venant raconter de telles sornettes?
La suite, on la connaît. On en constate amèrement les effets sur les routes : les comportements irresponsables de communication de tout ce petit monde ont généré ce climat détestable envers certains coureurs. Ils ont pour de bon mis le feu à la friteuse, obligé la Sky à payer des gorilles pour protéger ses coureurs, et transformé tous les « Mimile » au QI de dindes avinées, dans les fossés et sur les talus des routes du Tour, en crétins investis soudainement de la mission de l’archange purificateur.
Si Froome est de bonne foi, ce qu’affectivement je pense, pour manger, tout ce petit monde a clairement monté une sale entreprise de déstabilisation à son encontre et celle de son équipe…
Pour ce qui est de tes confrères Môssieur Richard, ceux de l’Équipe, d’Eurosport, de RMC, de la presse écrite, celle qu’heureusement je ne lis plus que dans les ch……., je voudrais seulement leur dire qu’au lieu de nous prendre pour des chimpanzés trisomiques, vous feriez mieux d’apprendre à faire votre « taf » correctement ou tout au moins à en (ré)apprendre la déontologie… Que vous nous parliez à partir du mois de
mars du cyclisme à travers le dopage, car vous êtes en période creuse et que vous n’avez rien d’autre pour vendre de l’audience, on en avait malheureusement pris l’habitude. Mais que votre comportement non-professionnel mette en danger des gens qui, sur leur vélo, prennent déjà tous les risques dans l’exercice de leur sport, là Messieurs, vous avez dépassé les bornes ; et si vous continuez dans l’incurie, votre c… va sentir la savate !
Votre attitude me rappelle Coluche : « Dans les milieux autorisés, on s’autorise à penser que… » ! Donc, soit vous savez quelque chose sur la Sky et vous mettez vos couilles sur la table comme des lanceurs d’alerte, soit vous ne savez rien et vous allez croûter avec les potins de la vie intime du microcosme parisien dans les dîners en ville et autres joyeusetés inavouables. Vos combines à deux balles qui consistent à prendre en otage un sport qui depuis dix ans est le seul à avoir organisé ouvertement des
processus anti-dopage draconiens uniques au monde, ça commence vraiment à bien faire.
Personne n’a expliqué la durée d’efficience d’une bouffée de Ventoline, pourquoi ? Personne, comme pour l’affaire d’Outreau, ne s’est dit qu’un mec comme Froome, légitimement surveillé comme le lait sur le feu au sein de l’équipe la plus moderne et à la pointe de l’innovation, des techniques d’entraînement et de préparation physique, ne pouvait permettre à son leader de se doper avec la potion magique à Jésus Christ!!! Si ça n’est pas un signe de nullité, ça, qu’est-ce que c’est ? Mais attendez les mecs, vous avez quoi entre les oreilles, de l’Isorel ?
Alors, au lieu de nous gratifier de reportages bidons, allez-y, rentrez dans le quotidien d’un coureur pendant un an, suivez-le, apprenez ce que sait Thomas Voeckler sur le vélo et, au lieu de nous abreuver de « fake news » aux odeurs de scandales lucratifs, parlez-nous de cyclisme car, pour l’instant, le cyclisme, vous ne faites que lui « chier dans les bottes » par facilité et paresse !
De ce sport, vous n’êtes capables que d’expliquer le folklore. Sa réalité, sa technique, ses stratégies, son sponsoring ou ses réalités économiques, vous ne nous en rendez jamais compte. Et pour cause, cela réclame de l’investigation et du travail.
Le vélo est le seul sport au monde où l’on ne peut plus soigner un coureur aux corticoïdes, même s’il a choppé la gueule d’Éléphant Man en passant à 50 km/h dans un essaim d’abeilles. Le vélo, c’est le seul sport où des mecs avec 4% de masse grasse ne peuvent pas soigner normalement une bronchite. Même Sagan, enfumé au « lachrymo », refuse le collyre du médecin du Tour, car il a peur de se faire contrôler ! Anormal ! On frise la connerie par excès à tout bout de champ et vous, bande de mouches à formol, vous venez croûter sur ça ? Ce n’est plus possible. C’est minable.
Bon appétit Messieurs, ô journalistes intègres ! Tous les amoureux de ce sport magnifique espèrent qu’un jour vous vous étouffiez de votre arrogante inconséquence.
Bonjour chez vous s’il y a personne.
Signé Furax

AC : Du grand Furax !

Ça c’est fait !
Bien, Francis, permets-moi de t’appeler ainsi, tu n’y vas pas avec le dos de la cuillère. Notamment avec Hinault. Et là, tu touches à l’idole de L’AC, alors je dis « Attention Francis » ! En plus, on va rouler avec le blaireau bientôt, alors si tu veux que L’Acheteur Cycliste continue de faire le sale
boulot, mesure tes propos sinon je vais finir comme l’ouvrier gréviste en 84, à la Ciotat, qui s’était empalé sur le poing du champion ! Et je ne parle pas du journaliste à l’arrivée de l’étape Vitré/Fougère, en 85. Autre motif,
mais même punition !
Mais ici, la parole est libre…
J’avoue que concernant Froome, on lui rentre, moi y compris, droit dans le lard. Mais cela s’explique. Plus à cause de la Sky et du sommet d’arrogance qu’est David Brailsford, leur manager, que de Froomey lui-même, d’ailleurs. Il est tout de même incroyable de devoir encaisser qu’être asthmatique est compatible avec la victoire dans le Tour ! Populisme ou pas, j’ai rarement vu un asthmatique en plein effort doubler la dose. Ceux que j’ai vus en crise n’allaient pas bien et étaient plutôt pris de panique en constatant que l’air se raréfiait dans leurs poumons…
Au-delà de ces considérations que je qualifierais de bon père de famille, si Froome se dope, alors il y a peu de chances que derrière, ce soit tout blanc…
Côté effet Superman, Ventoline, corticoïdes, EPO ou autres drogues, on ne sait toujours pas vraiment combien ça fait gagner par rapport à un entraînement, fut-il « scientifique », ce qui reste à prouver d’ailleurs. Je me souviens que lors d’une discussion dans le Ventoux, il y a quelques années, avec Riccardo Ricco, le grimpeur italien m’avait balancé, avec cet air de ne jamais savoir s’il dit la vérité ou non, que le dopage lui faisait gagner 20% de performances supplémentaires. Monstrueux !
Donc, à l’en croire, quand un coureur est dopé, il devrait finir avec 20% d’avance sur un coureur de force équivalente, mais à l’eau claire. Or, on en est loin. Même si l’on ne se base que sur les étapes de montagne,
les plus représentatives de la force intrinsèque d’un coureur (avec les contrela-montre), la lecture du classement des dix premiers du dernier Tour, selon ce raisonnement, donnerait un vainqueur classé aux alentours de la quinzième place !!! Autre point qui fâche, avec la Sky, on a tellement
l’impression de revoir l’US Postal que le sentiment ressenti ne peut être que négatif. Ceci étant, dans d’autres sports, ce phénomène existe aussi : les Autrichiens en ski de piste, les All Blacks au rugby, ou encore les Chinois au tennis de table. Pour ne citer que ces exemples. Sauf que pour
ceux-là, la technique prend une place importante dans le résultat. Ce qui transforme radicalement notre réflexion sur ces athlètes et leurs performances.
Là où je te rejoins, c’est sur cette espèce de normalité qu’est devenue l’attaque annuelle du dopage dans le cyclisme, à l’orée du Tour. A l’inverse, le foot passe royalement au travers alors qu’il paraît juste impossible que les joueurs ne se dopent pas. C’est notre croix, mon cher Furax.
Côté dirigeants, le président de l’UCI est effectivement un politique. Donc rien de nouveau sous le soleil. A France Télévisions, on pourrait presque les plaindre : si l’un deux s’avise de poser les « mauvaises » questions, ça donne l’effet « Holtz », à savoir le boycott de l’emblématique journaliste par Armstrong durant des années.
Moralité, d’un côté, des coureurs qui en ont marre de se faire contrôler à outrance, on peut les comprendre, et d’un autre, des contrôleurs qui courent après les souris depuis des années sans jamais en voir la queue d’une. Peu ou prou. Au moins depuis dix ans. Et durant ces années-là, les coureurs ne sont pas allés moins vite…
Le résultat, c’est que le vélo professionnel va bientôt parvenir à dégoûter mêmes ses plus grands supporters. Le Tour est devenu une fête votive itinérante. Après, seulement après, une course de vélo.
Je me souviens avoir écrit ici même, il y a quelques années, que le Tour était devenu terriblement barbant. Et puis, un ou deux ans après (dans les années 2010), nous avions eu droit à une ou deux éditions plutôt… positives ! Voeckler et Cadel Evans avait donnés du pep’s à tout cela. Sans garantie de probité, bien sûr… Las, tout est ensuite redevenu soporifique.
Cette fois-ci, entre dirigeants définitivement politiques, courses insipides, une équipe surpuissante, une tradition malmenée, des délais désormais trop importants devant l’entraînement spécifique d’équipiers « lanceurs », comme pour la vitesse par équipe, mais en montagne, le vélo « pro »
semble cliniquement mort. C’est faute sur faute.
Pourtant, pour sauver le vélo, tout le monde connait la recette : plus d’oreillette, équipes de 6 coureurs, des grands tours de 15 jours maximum avec 4 à 5 jours de repos pour 22 jours de courses, des délais resserrés pour les équipiers avec une exception pour le sprinters reconnus, des championnats du monde durs et la retransmission du Giro et de la Vuelta sur des chaînes généralistes (Eurosport encore un peu « court »), des contrôles plus sévères mais moins invasifs (un « code » avec les peines en
face des infractions ou des « produits » ? ), une « cantine » générale sur les courses par étapes (égalité de nourriture, sécurité, convivialité), etc…
Et, et… parler de matériel ! Les vélos de nos coureurs demeurent des machines de rêve. Plus ça va, plus c’est vrai. Quand on constate que les journalistes, lors des directs, n’ont pas le droit (ou leur direction leur refuse) de parler d’une marque sous prétexte de favoritisme ou l’on ne sait quoi, et que pendant ce temps, la caravane du Tour et les publicités sont partout, on se demande si le vélo sortira un jour de sa schizophrénie entre tradition et business.
On ne parle pas des disques, hein…
Il y a quelques années, sur une initiative de Gérard Holtz, nous avions proposé à France Télévisions de faire un vrai topo, chaque jour, sur un vélo utilisé par chaque Team participant au Tour. Un sujet non-réalisé par l’un des journalistes commentateurs. Et nous aurions présenté tous les vélos (22 étapes = 22 vélos), bref, la déontologie était sauvée. Malheureusement, Daniel Bilalian, alors directeur des sports de France Télé, n’en avait pas voulu. Il avait même interdit d’évoquer une marque (ou plusieurs) à l’antenne ! On croit rêver… Le résultat de cette approche est édifiant, faites-en l’expérience vous même. L’autre jour, lors d’un dîner, j’ai demandé à huit amis, sportifs (tennis, foot, plongée, golf, jogging), tous pères ou mères de famille, sur quelle marque de vélo Armstrong a gagné ses sept tours consécutifs. Pas un seul n’a su me répondre ! Mais Thevenet et Peugeot, ça c’est ressorti ! D’ailleurs, l’adoration portée au PY 10 Peugeot des années 75/80 sur Internet en est directement issue !!! Donc, un constructeur lâche entre 1 et 3 million(s) d’euros par an pour être sponsor d’un Team UCI et personne, malgré un palmarès long comme le bras, ne sait quel vélo utilise l’équipe ?
Qui peut croire cela ? Qui peut croire qu’un sponsor va continuer à investir dans le cyclisme avec de telles pratiques marketing néandertaliennes ?
En fait, on constate malheureusement que le vélo, l’objet, est devenu le parent pauvre du cyclisme. Depuis les années 2000, ça date, les sponsors sont des assureurs, des banquiers, des opérateurs télécoms ou même des pays, la dernière mode, qui parient et investissent sur le côté populaire du vélo. Giant, Merida, BMC sont les derniers des Mohicans. Deux géants et un mécène. Voilà où l’on en est…
Le cyclisme « pro » en question, à commencer par le Tour
Le cyclisme va mal. Ce Tour a été clairement inintéressant. D’aucuns vous diront que c’était peut-être la même histoire à l’époque de Merckx. Ou même d’Hinault. Mais non seulement les Belges et les Français y ont sûrement trouvé leur compte, ce qui n’est pas trop sûr au pays de Galles, sans faire de procès à qui que ce soit, mais ces champions-là gagnaient souvent seuls et avec panache. Pas en attaquant à 3 kilomètres du sommet. Ce qui, aujourd’hui, semble être incontournable si l’on ne veut pas se faire détruire à petit feu par une équipe qui peut mettre trois hommes à la planche pour ramener l’inconscient à la raison… et finir par le lâcher irrémédiablement.
En ce qui concerne la machine à cash, Médiamétrie annonce que les audiences auraient baissé cette année. Enfin ! Les choses sont peut-être sur le point de changer. Pour de bon.
Alors, à défaut de voir venir une révolution, espérons au moins une révolte. Du côté des instances et des organisateurs, hein, pas des coureurs…
Rendez-vous l’année prochaine. D’ici là, la Vuelta, spectaculaire ces deux dernières années, et un championnat du monde qui s’annonce dur et particulièrement montagneux vont peut-être nous mettre du baume au coeur. C’est tout le mal que l’on vous souhaite…

Froome 2018
Christopher Froome a désormais besoin d’un garde du corps, symbole d’un cyclisme qui déclenche la colère…

TOUR 2018 : DES AUDIENCES EN BAISSE…

Cette année, la seconde où France Télévisions retransmettait toutes les étapes en intégralité, le Tour a été regardé par plus de 33 millions de téléspectateurs entre France 2 et France 3, alors que nous étions 37 millions l’an dernier. Soit près de 12% de baisse, c’est énorme ! Sur France 2, la moyenne a été de 3,3 millions de téléspectateurs (35,2% de parts d’audience), un chiffre en baisse par rapport à 2017, avec 3,8 millions de téléspectateurs (38,4% de parts d’audience). Sur France 3, les chiffres sont en moyenne de 2,1 millions de téléspectateurs, soit (19,7% de parts d’audience), eux aussi en baisse, comparés à ceux de l’édition 2017, avec 2,3 millions de téléspectateurs (21,3% de parts d’audience).

Le couperet semble descendre, messieurs. Gare à l’année prochaine.

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