B’TWIN Ultra 940 CF : B’TWIN SE LÂCHE…

Attention les yeux !
Un B’Twin carbone, en Dura-Ace et à roues Zipp, c’est du jamais vu ! Encore plus à 3800 euros. C’est pourtant bien ce que nous vous présentons. Et franchement, je ne vois aucun problème d’image ou d’ego à aller rouler avec ce B’Twin. A se demander si ce n’est pas déjà la plus grosse
victoire de ce vélo…

Mais on se calme tout de même. Car B’Twin ose là un sacré pari : faire investir 3800 euros à un cycliste pour un vélo. Normalement, tout commence par le style. Eh oui !
Ne faites pas genre « pas moi », nous sommes tous plus ou moins atteints par cette maladie grave : la frime !

Donc, voici un carbone noir, bleu et… rose ! Guidoline et selle à rappel de couleur, pour en remettre une couche. Mais que s’est-il passé à Villeneuve
d’Ascq ? Le responsable du design a réussi un tour de force énorme en insufflant ce vent de modernité à la marque. Nous, on aimerait bien sa photo : ce designer, on le voit bien du sexe féminin, avec une tête belle et bien faite ! Pour faire céder vingt années d’austérité colorisée, il faut au moins ça ! Donc, voilà un B’Twin chatoyant.

B'Twin Ultra 940 CF

Techniquement, ce cadre est le fruit de l’utilisation de fibres haut module et module intermédiaire : exactement ce qui se fait actuellement chez les plus grands. Oui môssieur ! Pêle-mêle, on note l’intégration des câbles avec inserts sous la boîte du plus bel (et efficace) effet, un serrage de la tige de selle intégré au tube supérieur et une boîte BB86. Ça fleure
la rigidité à tout crin.

L’Ultra 940 annonce 850 g, ce qui en fait un cadre très léger, sans subir le coût de fabrication des cadres dernier cri « marketing » qui flirtent avec les 700 g. Bien vu. Surtout quand cela permet de se lâcher sur le reste des composants.

B'Twin Ultra 940 CF cadre

En outre, le B’Twin ne ressemble à aucun autre cadre : en effet, et là, ça n’est qu’une question de goût, il arbore des lignes coupées à la serpe ! Douille de direction, boîte de pédalier, tube et tige de selle ou encore haubans, tous ces tubes présentent des lignes acérées qui donnent au B’Twin cet air franchement brutal. Il faut dire que les Zipp accentuent
beaucoup cette sensation et, du coup, on a juste l’impression d’avoir devant soi un vélo de compet’ ! Quand on vous dit que ça bouge, là-haut, du côté des Flandres françaises !

Ce cadre existe en cinq tailles. Un peu « short », pour tout dire… mais comme cela démarre à 53 cm (de longueur, toujours…) pour finir à « seulement » 58,5 cm, l’étalement s’avère très correct avec 15 et même seulement 10 mm d’écart entre les tailles ! Moralité, à part les tout petits et les très grands, tout le monde devrait très bien s’en sortir. Un choix qui
se tient.

B'Twin Ultra 940 CF cadre2

Des composants qui « pètent le feu » !

De ce côté-là, l’Ultra 940 CF explose les compteurs ! Groupe Shimano Dura-Ace de pied en cape, étrier avant « Direct Mount » compris. Poste de pilotage Deda carbone M35, le cintre oversize de la gamme du fabricant italien, aussi rare qu’agréable à prendre en mains. Ergonomique, aussi. Tige de selle carbone, selle Fi’zi:k Antares à rails carbone (braided) et, bien sûr, bien sûr, les très spectaculaires Zipp 303 Firecrest carbone à pneus. Un peu lourdes à notre goût pour être considérées comme «polyvalentes», malgré une hauteur qui le permettrait, ces roues sont des avions de chasse sur le plat et font entrer de plain pied le B’Twin dans le petit monde des machines de haut de gamme. On peut les gonfler jusqu’à 8,6 bars, ce qui permet à tout le monde, mêmes les cyclistes lourds, de les utiliser à plein. Top !

B'Twin Ultra 940 CF Boitier

Non content de ce coup de trafalgar, B’Twin a poussé le vice jusqu’à doter son Ultra 940 de superbes pneus Vittoria Corsa. En 25 de section, largeur des Zipp oblige. Magnifique mais, une fois encore, pas sûr que cela envoie si fort que ça dans les bosses sévères.

B'Twin Ultra 940 CF Poste de pilotage

En tout cas, rien à dire : B’Twin a mis les petits plats dans les grands côté équipement et, en face, il va falloir s’accrocher. On est tout de même en train de comparer des Zipp 303 à des Mavic Aksium ou encore des Roval SLX 24 alu !

Rien à ajouter…

B'Twin Ultra 940 CF Arriere

Sur la route : le chasseur !

Sur le papier, en découvrant l’Ultra CF, on se dit que les autres vont avoir un sérieux problème ! En plus, B’Twin a pris soin de nous envoyer un vélo à mes cotes exactes, ce que bien des « grands » constructeurs ont du mal à faire, notamment dans le Sud de l’Europe…

Je me pose donc royalement sur ce B’Twin qui, vraiment, impressionne. J’ai gonflé assez fort, comme le permettent les pneus Vittoria de 25 de section. J’ai toujours peur d’écraser ces grosses sections de pneus qui ne m’inspirent toujours pas confiance. Bref, ce sera 8,5 bars devant et derrière.

Je m’élance et l’Ultra 940 CF se révèle comme attendu : il file avec une impression de légèreté supérieure à ce que laisse présager son poids. J’ai l’impression de rouler sur une machine de 6,5 kg. C’est « l’aéro » des Zipp 303 qui en est la responsable. Le petit faux-plat de départ, et dans la traversée du village, je suis sur coussins d’air. De plus, le confort a l’air très correct. Impeccable.

B'Twin Ultra 940 CF Douille

Le dénivelé de la Roque-sur-Pernes s’annonce et, presque d’un coup, je n’ai d’autres choix que de monter les vitesses. Pas un choix, une obligation ! Je constate immédiatement que j’ai un braquet de 36×52 devant, car il faut appuyer. Pas de pur compact, c’est clair. Et, bien vu, une cassette de 28 derrière. J’en profite, croyez-moi !

J’avoue que c’est la surprise. Je pensais m’envoler un peu et voilà que je bute légèrement sur les forts pourcentages au niveau de la montée du cimetière de Saint Didier. Puis, heureusement, ça se stabilise. Tout en restant « en prise », je resterai à l’ouvrage tout au long de l’ascension. Avec mal aux cuisses, quand même, et une certaine difficulté à savoir si j’avance bien ou non. Je note cependant que l’effort restera très linéaire passés les 6-7%… et que j’éprouverai la désagréable sensation de « me taper » un peu trop dedans par rapport à ma vitesse de croisière. Je mets ce sentiment sur le compte des Zipp 303. Pneus et 25 de section ne font apparemment pas bon ménage en bosses sévères. Ce n’est pas une découverte, mais à force d’entendre le discours des constructeurs qui prônent l’inverse, on finit parfois par douter. Et puis hop, un essai vous remet les yeux en face des trous : en côtes dures, des roues « aéro », plutôt lourdes et à pneus, ce n’est pas fait pour ça !!!

B'Twin Ultra 940 CF Tige de selle

Mais me voilà dans la descente. Tout rentre dans l’ordre. Évidemment. En descente, les Zipp s’éclatent : plus de résistance des pneus et une « aéro » exceptionnelle lancent l’Ultra 940 comme une balle. Et encore, je n’insiste pas, mais il sera le plus rapide des trois machines, tout en souplesse. Merci Zipp…

Je m’attends aussi à un retour version « pleine bourre » via le faux-plat : le B’Twin a tout ce qu’il faut pour ça. Je suis bien posé, il est rigide, le braquet est le bon pour moi, et les Zipp devraient faire « parler la poudre » sur ce terrain de jeu. Encore raté ! Si cela file nickel sur la partie quasi plate, la fin sera moins fun : je m’emploierai jusqu’à la bascule ! Décidément, les Zipp sont ultra sensibles, ou le cadre est trop rigide. Mais je penche vraiment pour les roues et pour une condition physique personnelle encore trop juste pour pouvoir emmener pleinement ce
genre de machine.

Côté confort, en revanche, rien à dire. Même fort gonflé, le B’Twin Ultra 940 CF est confortable, c’est clair. Et puis la prise en mains de ce cintre oversize (35 mm de diamètre) me va à ravir.

B'Twin Ultra 940 CF Fourche

Le raidillon profile le bout de son nez. Je l’attaque bille en tête en 52×19 : ça passera plutôt pas mal et, surtout, je serai assez surpris de constater que le triangle arrière du cadre n’est pas si dur que ça. Juste élastique comme il faut lorsqu’on le maltraite. Mais cela indique aussi qu’il faut tout de même y aller de bon coeur pour le faire bouger. Rigide, donc, mais pas barre à mine. Bien.

J’arrive et, une fois à l’arrêt, tout bascule en consultant le compteur et les chiffres réalisés par le B’Twin : une minute de moins que le Cervélo, un temps un poil meilleur que le Time (lui qui joue pour le comparatif Elite !), une fréquence cardiaque normale, tout comme la cadence ! Tout ça avec une dépense de calories inférieure à toutes les autres !!!

Je suis le premier surpris. Ce B’Twin est donc particulièrement efficace et économe, malgré une impression mitigée quasiment tout au long de mon tour-test. Pourquoi cette différence entre le chrono et le feeling ? Le début d’année, sûrement, et le manque de repères… Parfois, lors des tests, nous avons des surprises avec une certaine distorsion entre le feeling et les chiffres. Mais les chiffres sont toujours indiscutables : le B’Twin est un vélo de compet’ rapide et économe en force, même avec une grosse bosse. Point à la ligne.

B'Twin Ultra 940 CF Geometrie

Un vélo « révolution » qui marque un avant et un après, chez B’Twin !

L’Ultra 940 CF est probablement le vélo le plus efficace jamais réalisé par B’Twin. Son rapport qualité/composants/prix est même supérieur à un Canyon ou un Rose !

Il est assez évident qu’il privilégiera les parcours plats et les courtes ascensions. Mais un cycliste affuté pourra lui demander beaucoup, le B’Twin 940 CF devrait répondre présent en toutes circonstances. Il s’agit là d’une machine pour cyclistes en forme ou cyclosportifs aguerris. A 3800 euros, si vous n’êtes pas une « fashion victim », l’Ultra 940 CF a d’énormes arguments pour lui. En face, il va falloir vraiment montrer patte blanche et expliquer clairement où sont passés les euros demandés pour des machines moins bien équipées…

B'Twin Ultra 940 CF Fiche technique

Renseignements : www.btwin.com/fr

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